Le ministre de la Défense : le pays est confronté à une situation lourde de menaces
Pendant les deux années qu’il a passées à la tête du ministère de la défense nationale, Abdelkerim Zbidi ne s’est jamais départi de sa discrétion, n’accordant pratiquement pas d’interviews et ne prenant part à aucun talk show à la radio ou à la télévision, même lorsqu’il a été accusé de « haute trahison » par l’ancien conseiller en communication de Moncef Marzouki pour n’avoir pas informé le président de l’extradition de Baghdadi Mahmoudi. Mais il dû rompre son silence à deux reprises. La première à la mi-juillet, lorsqu’il est intervenu il y a un mois sur Nessma pour notifier à son collègue, Hédi Ben Abbès, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères que l’Armée nationale entendait rester à égale distance des partis et qu’il fallait la maintenir à l’abri des tiraillements politiques. « L’armée n’agit pas sur instruction et même si elle fait, ce n’est pas à vous de l’annoncer ». M. Zbidi réagissait ainsi aux propos du secrétaire d’Etat qui venait d’affirmer que le président de la république avait donné ses instructions à l’armée pour sécuriser les funérailles du martyr Chokri Belaïd.
La deuxième, c’est en recevant, lundi, le directeur du journal, El Maghreb. Omar Shabou le décrit comme un homme désabusé. Imprégné des valeurs de la république, il a tenu à faire passer à travers le journal sa grande inquiétude face à la situation que traverse le pays. Il estime que seul un gouvernement de technocrates tel qu’il avait été proposé par Hamadi Jebali et semblable à celui qui avait géré le pays pendant la première phase de transition était à même de faire face à la situation. Il a souligné qu’il n’avait cessé depuis des mois d’attirer l’attention « des décideurs au sommet de l’Etat » sur les graves problèmes « à tous les niveaux que connait le pays, regrettant de n'avoir pas été entendu. « Ma capacité de résilience est épuisée. Au point d’avoir informé le Chef du gouvernement désigné et le président de la république de ma décision irrévocable de quitter mon poste, non pas pour fuir mes responsabilités, mais pour provoquer un surtaut salvateur », a-t-il ajouté.