Scènes ordinaires de la vie quotidienne pendant le ramadan
Tunis, samedi 1er ramadan 14h 30minutes
12 heures : des rues animées, des bus bondés et des embouteillages qui commencent à se former aux principales sorties de la capitale. Pourtant, les sortie des fonctionnaires est prévue entre 14 heures et 14 heures et demie. Peut-être s'agit-il de citoyens distraits qui s'étaient mis spontanément à l'heure d'été oubliant que cette mesure a été supprimée cette année.
14 heures et demi : grande animation aux abords des marchés. Mais une circulation fluide. S'agit-il d'un heureux effet de l'étalement des sorties des fonctionnaires. On aimerait bien le croire. Il est vrai que les banquiers ne travaillait pas ce jour là.
16 heures : Tunis, écrasée par un soleil de plomb ressemble à une ville morte. Alors que les habitants, canicule oblige, se terrent dans leurs maisons, les rues sont désertées. Quelques automobilistes, pour la plupart des jeunes, en profitent pour s'adonner à leur sport favori, la course automobile.
18 heures : Tunis se réveille, les rues s'animent. De longues files se forment devant certaines boulangeries. Des cadres bon chic bon genre et apparemment peu habitués de ces lieux, généralement réservés à Madame ou au chauffeur, s'y tiennent un peu génés. Mais un bon pain " mbasses " vaut bien un un tel " sacrifice ".
19 heures 5 minutes : c'est l'heure d'El Iftar. Dans les rues pas âme qui vive. Dans moins de deux heures, ces mêmes rues reprendront vie avec cette fois-ci des gens repus, transfigurés, après une abstinence de plus de quatorze heures plus que jamais décidés à dépenser leur trop-plein d'énergie jusqu'au petit matin.
Ainsi va la vie pendant le ramadan. Mince consolation pour nous: ces scènes se reproduisent à l'identique, à Casablanca, Alger, le Caire, Damas ou Djakarta. Un mois entièrement dédié aux plaisirs du palais. C'est que pendant cette période de l'année, le monde musulman, pour une fois uni s'abandonne à ses envies oubliant que le ramadan est avant tout l'école du dévouement, de la piété et surtout du travail célébré maintes fois dans le Coran.
La débauche d'énergie dépensée par les musulmans dans des activités purement ludiques donc improductives auraient été plus profitables à nos pays si elles étaient canalisées vers d'autres occupations plus utiles surtout par ces temps de crise. N'oublions pas que dans l'Islam, religion du juste milieu par excellence, il n'y a nulle place pour les excés.