Remaniement: vers une troïka bis
A quelques heures de la fin du délai qui lui est imparti pour former le nouveau gouvernement, Ali Larayedh met les bouchées doubles. Après avoir échoué à élargir la coalition gouvernementale, il semble se résigner à une simple reconduction de la troïka, tout en nommant quelques «indépendants» à la tête des ministères régaliens. Une concession de taille certes, mais en trompe-l'oeil car les ministres choisis par Ennahdha à la tête de ces départements seraient des cryptoislamistes. Ce qui a conduit les partis contactés à réclamer «une véritable neutralisation». Peine perdue. Ennahdha, estimant avoir fait suffisamment de concessions a rejeté tous les noms qui lui ont été proposés, les jugeant à son tour trop proches de l'opposition. Doù le retrait de l'Alliance démocratique et du groupe Dignité et Liberté. Quant à Wafa, son retrait est dû à son opposition à cette neutralisation, soutenant que les ministères concernés étant polititiques par définition, doivent être dirigés par des politiques, outre l'absence de programme clair.
La réunion de ce jeudi a donc regroupé Ennahdha et ses deux fidèles alliés, le CPR et Ettakattol. Il reste deux points à régler, les noms des prochains ministres de l’intérieur et de la justice et une la feuille de route précisant les prochaines échéances.
On s’achemine donc vers une troika bis. Ce qui est une bien maigre consolation quand on sait qu’il aura fallu sept mois de tractations, la démission de Hamadi Jebali, une grave crise interne au sein d’Ennahdha, la désignation de Ali Larayedh, et de nouvelles consultations pour arriver à ce résultat. On voulait créer un choc psychologique dans le pays. En fait, on aurait voulu désespérer davantage les Tunisiens, on ne s’y serait pas pris autrement. Et du coup, c'est toute la classe politique qui s'en trouve discréditée. Car pendant ce temps, la Maison Tunisie brûle, l'économie va à vau-l'au, la situation sécuritaire se dégrade, avec l'émergence du grand banditisme, le chômage gagne du terrain en dépit des statistiques optimistes de l'INS. Le spectre du Grand Soir n'est pas loin.
.