Pouvait-il en promettre moins ? Sollicitant l’investiture de l’Assemblée nationale constituante pour son gouvernement, Ali Larayedh s’est fixé quatre grandes priorités. En toute première position vient l’aspect politique avec la clarification des perspectives et l’aménagement des meilleures conditions possibles pour la tenue des élections dans les plus brefs délais. Vient ensuite la restauration de la sécurité et la lutte contre le crime et la violence «quelle que soit son origine et sa couleur». Troisième priorité, la poursuite de la relance économique, la lutte contre le chômage et la protection du pouvoir d’achat. Quatrième engagement, la persévérance dans la réforme, la lutte contre la malversation, l’activation des dispositions de l’amnistie générale et la prise en charge des revendications des blessés et martyrs de la révolution.
Sans se faire beaucoup d’illusions, Larayedh a souligné que le mandat de neuf mois imparti à son gouvernement n’autorise pas l’amorce de grandes réformes, mais a promis de poursuivre celles engagées, rendant un vibrant hommage, très applaudi par les élus, à son prédécesseur Hamadi Jebali et son équipe.
Plusieurs fois au cours de son discours-programme d’une trentaine de minutes, le nouveau chef du gouvernement a insisté sur l’impératif du dialogue national sans exclusion aucune, lançant un appel à toutes les forces vives, politiques, syndicales, sociétales et médiatiques, à éviter les tiraillements et à favoriser la concorde. Larayedh a rendu hommage aux élites nationales et aux créatifs, réaffirmant son engagement à faire respecter les libertés et garantir la liberté de création et d’expression. «Notre objectif, a-t-il souligné, est d’édifier un État civique où la liberté est érigée en méta-valeur à même de résister face à tous les despotismes, y compris celui de l’ignorance».
Ali Larayedh a pressé l’Assemblée nationale constituante à adoption d’une feuille route précisant les différentes échéances devant conduire aux élections, ainsi que l’adoption de la loi électorale et la mise en place des instances des Élections, de l’Audiovisuel et de la Justice.
Un discours précis, estiment nombre d’analystes, sans grandes surprises ni fortes promesses. «La formation de ce gouvernent a été beaucoup plus une aventure qu’un partage de butin, avait indiqué Larayedh en préambule de ses propos, révélant que l’ampleur de la tâche et la complexité de la situation ont dissuadé plus d’un à s’y siéger».