Jebali : «La réussite du gouvernement Larayedh sera celle de la transition»
«J’éprouve de la compassion pour mon ami Ali Larayedh en le voyant présider le nouveau gouvernement, mais je suis pleinement confiant en son succès ». Avec ce double sentiment quant à l’ampleur de la charge qui attend son successeur mais aussi sa détermination à réussir, le chef du gouvernement sortant, Hamadi Jebali ne pouvait mieux assurer la passation des pouvoirs. « Je sais, a-t-il, ajouté, qu’il n’avait jamais couru derrière un poste et qu’il avait toujours donné le meilleur de lui-même dans l’accomplissement de chaque mission qui lui est confiée. Aujourd’hui, sa réussite sera celle de tout le processus de transition, la réalisation des attentes de notre peuple ».
Dans le patio du palais du gouvernement de la Kasbah où se tenait jeudi après-midi, peu après 16H, la cérémonie de passation des pouvoirs, les membres du gouvernement sortant et celui entrant étaient très attentifs aux propos prononcés. Jebali a souligné que la Tunisie était parvenu après la révolution à instaurer de nouvelles traditions de succession au pouvoir, perpétuant l’Etat et assurant la continuité des services publics. Il est revenu sur le bilan de son gouvernement en disant que si les lacunes étaient inévitables, il n’y a pas eu d’échec, indiquant que la véritable évaluation appartient à l’histoire. « Je demande, lance-t-il, à ceux qui se prétendent connaisseurs et aux pseudo-experts de ne pas trop s’empresser de donner leur verdict, un seul chiffre suffit pour résumer la performance accomplie est celui d’avoir sorti le taux de croissance du négatif pour le porter au positif et à un niveau appréciable ». Après avoir rendu hommage à ses co-équipiers, aux institutions, à l’Administration et au staff de la présidence du Gouvernement, Jebali a invité les Tunisiens à parier sur la réussite du nouveau gouvernement, synonyme du succès de cette étape décisive. « Bientôt nous verrons, qu’Ali Larayedh passera le relais, après des élections libres et transparentes, à un gouvernement élu qui ouvrira de larges perspectives à notre peuple et à nos pays ».
Chut, on travaille !
Dans sa réponse, Larayedh a indiqué qu’il avait beaucoup parlé ces derniers jours et qu’il était temps de se consacrer au travail. Un message qui vaut en fait pour toute la classe politique. Rappelant les liens profonds qui le lient à Jebali depuis 1980, avec les bons et mauvais moments partagés ensemble, il s’est déclaré persuadé de le voir ainsi que tous les membres du gouvernement partants continuer à servir là où ils se retrouveront. « Nous aurons besoin de toutes les compétences et nous ne manquerons pas de les mettre à contribution, a-t-il conclu ».
Sensibles à ces échanges à ces propos, les ministres sortants y ont vu une reconnaissance de leurs efforts, et les nouveaux, un motif d’encouragement. Malgré le caractère solennel de la cérémonie, l’ambiance était conviviale, surtout lors de la réception qui a été offerte par Jebali.
Le nouveau chef du gouvernement, Ali Larayedh, arrivé à 15H15 à la Kasbah a bénéficié d’un accueil chaleureux de la part de son prédécesseur. Les deux se sont isolés pour un tête-à-tête pendant plus d’une heure. Entretemps, les membres des deux gouvernements étaient installés dès leur arrivée, dans le grand patio. L’exigüité des lieux n’a pas permis d’aménager les sièges, comme lors de la passation Caïd Essebsi-Jebali, en rangées verticales, plaçant chaque entrant à côté du sortant. En disposition classique horizontale, des rangées de 8 sièges, séparés par une travée centrale ont été aménagées. Aussi, et à la différence de la cérémonie de prestation de serment, mercredi au palais de Carthage, le général Rachid Ammar (placé en toute première rangée) ainsi que le gouverneur de la Banque centrale, Chedly Ayari étaient conviés. Tout comme les conseillers de Hamadi Jebali, dont Lotfi Zitoun qui a retrouvé la Kasbah pour la première fois après sa démission le 1er février dernier.
Quant à Noureddine Behiri, ministre auprès du chef du Gouvernement, il n’a pu prendre part à cette cérémonie, étant en mission à Ryadh où il conduit la délégation tunisienne à la réunion du conseil des ministres arabes de l’Intérieur, première mission qui lui est confiée dans le cadre de ses nouvelles fonctions.