Le dévoilement du buste du Président Habib Bourguiba à Paris aura le plus marqué la célébration ce mercredi 20 mars de l’anniversaire de l’indépendance Tunisie. Du fait de sa symbolique, la cérémonie forte en symbole organisée à l’Esplanade Bourguiba, au cœur du 7ème arrondissement de la capitale française a en effet davantage suscité l’intérêt et l’émotion que toutes les autres manifestations organisées en Tunisie. Il faut dire que le Maire de Paris et Tunisien de naissance et de cœur, Bertrand Delanoë, tout comme son adjoint chargé des Relations internationales, des Affaires européennes et de la Francophonie, Pierre Schapira, et la Maire du 7ème arrondissement, Rachida Dati, y ont mis beaucoup de soin. Ils y ont en effet invité nombre de personnalités tunisiennes et d’amis de la Tunisie et tenu à assurer à la cérémonie une large couverture médiatique. L’ambassadeur de Tunisie à Paris, Adel Fekih y a de son côté largement contribué.
On remarquait parmi les présents, Jean Daniel, Taher Belkhoja, Mustapha Masmoudi, des élus de la municipalité de Monastir et un grand nombre de figures tunisiennes parmi les compagnons de Bourguiba, des jeunes de la communauté tunisienne en France ainsi que des amis français.
La présence, officielle, mais aussi chargée d’implication personnelle, d’Aziz Krichen, ministre-conseiller politique du Président de la République, ne pouvait passer inaperçue. Bien qu’il était mandaté par Moncef Marzouki, il voulait sans doute, au-delà de l’hommage officiel à rendre, accomplir un devoir de considération au « Combattant suprême ». Très jeune, Krichen avait fait partie des premiers étudiants perspectivistes arrêtés sous Bourguiba, en 1966 et envoyés en prison. Ce fut pour lui, comme pour beaucoup d’autres militants de gauche, le point de départ d’une lutte continue jusqu’à la révolution, avec son lot d'emprisonnement, de privations de droits et d’exil, (dans son cas pendant 16 ans en France). Revoir cet opposant à Bourguiba qui enflammait jadis à Paris-même, la Cité Internationale, Boulevard Jourdan, la Mutualité et autres espaces de militantisme, applaudir, 40 ans après, le dévoilement du buste de celui qu’il dénonçait de toutes ses forces, était hautement symbolique.
Un nouveau musée Bourguiba, bientôt à Skanes Monastir
Cette reconnaissance quasi-unanime des Tunisiens du combat de Bourguiba et de son œuvre s’impose en réponse forte à ceux qui veulent aujourd’hui l’occulter, sinon, renier et décrier. La célébration le 6 avril prochain, du 13ème anniversaire de la disparition du fondateur et premier président de la République tunisienne, sera sans doute une nouvelle occasion pour témoigner de l’attachement des Tunisiens aux valeurs de modernité et d’ouverture, sans cesse prônées par Bourguiba.
Conscient de cet attachement, Marzouki a tenu à aménager, dans l’ancien palais présidentiel de Skanès qui menaçait ruine, un musée dédié à Bourguiba. Conçu en « projet institutionnel de préservation de la mémoire nationale», il comprend également un centre de documentation pour les études bourguibiennes, enrichi notamment par le fonds documentaire retrouvé dans les caves du palais de Carthage ainsi qu’un espace dédié aux conférences.