L'inquiétant Abou Zid Ettounsi
Naji Bghouri (journaliste) s’adressant à Abou Zid Ettounsi, un Tunisien qui venait juste de rentrer de Syrie après avoir combattu au côté des insurgés (c'est du moins ce qu'il prétend) : Au cas où les laïques remporteraient les élections, prendriez vous les armes contre eux pour les empêcher d'accéder au pouvoir?
Réponse : oui bien sûr (C’est dit sur le ton de l’évidence, comme si cela allait de soi).
Ceux qui ont regardé cette émission jeudi soir ont dû être choqués par cet échange sur Attounissia lors du talk show de Moez Ben Gharbia.
Un ange passe sur le plateau On devine à leurs mines renfrognées, la grande inquiétude des invités. Slaheddine Jourchi adopte un ton paternaliste pour expliquer à Abou Zid que sa démarche ne peut pas être assimilée au jihad. Imperturbable, son interlocuteur défend sa position en convoquant les plus grands exégètes de l’islam. Grand seigneur, il consent quand même à appeler les Tunisiens à ne pas se rendre en Syrie. Tout est louche chez cet individu. Comment est-il entré en territoire syrien ? Par quel moyen l'a t-il quitté ? Avec quel argent ? Qu'a-t-il fait pendant ces huit mois ? Par quel miracle a-t-il réussi à survivre à cette guerre d'un autre âge et qui plus est sans la moindre égratignure ?
Apparemment, Abou Zid n’a pas été interrogé à son retour comme s’il venait d’effectuer un voyage touristique. Il ne sera pas non plus inquiété pour sa petite phrase lourde de menaces pour la stabilité du pays.Ce qui en dit long sur la façon dont on traite cette affaire en haut lieu. Mais le plus grave est ailleurs. Ses propos viennent corroborer les déclarations de certains jihadistes. La Tunisie n’est plus considérée comme une terre de mission, mais une terre de jihad. A quoi serviraient les élections si une infime minorité s'arrogeait le droit de les annuler parce que non conformes à leurs attentes. Assurément, notre pauvre pays n'a pas fini de manger son pain noir.