Manifeste de soutien au doyen Habib Kazdaghli et d'appui à l'indépendance de la magistrature
Le doyen Habib Kazdaghli comparaîtra le jeudi 28 mars 2013 pour la cinquième fois devant le Tribunal de première instance de la Manouba dans une affaire de violence, montée de toutes pièces.
Cette cinquième audience intervient dans un contexte caractérisé par la recrudescence de la violence orchestrée qui a abouti à la survenue de l’abominable avec le martyre de Chokri Belaïd dans un climat de terreur exacerbé par la publication d’une liste noire où figure le nom du doyen Kazdaghli, à côté de ceux de Chokri Belaïd, d’autres universitaires, de leaders politiques et syndicaux, de journalistes connus pour leur défense des libertés.
Cette atmosphère est d’autant plus inquiétante pour le devenir des libertés que d’autres universitaires comme Raja Ben Slama, elle aussi professeur à la FLAHM, des artistes comme Nadia Jelassi, professeur à l’Ecole des beaux-arts de Tunis, des journalistes comme Khédija Yahaoui sont poursuivis par la justice, sous couvert de charges punissables par la loi, mais en réalité pour avoir tenu à exercer leur droit à la liberté d’opinion, de création ou d’information.
Les associations et les syndicats signataires du présent manifeste ne peuvent dans ce climat délétère qu’exprimer leur inquiétude devant ces poursuites non fondées et appellent les autorités à leur abandon.
Tout en se félicitant du déroulement jusqu’à présent régulier du procès intenté au doyen Habib Kazdaghli et en réitérant leur confiance dans la justice tunisienne, ils considèrent que le report du procès au 28 mars 2013, plus de deux mois après sa mise en délibéré, est inquiétant en raison du caractère éminemment politique de ce renvoi, des risques de voir l’affaire s’éterniser et des craintes pour la régularité du procès.
Ces inquiétudes se trouvant confortées par l’Association des magistrats tunisiens qui a révélé l’ingérence du pouvoir exécutif dans d’autres affaires, les associations et les syndicats appellent les enseignants à l’université, la coalition des ONG parrainée par la LTDH et les citoyens épris de liberté à un nouveau rassemblement devant le Tribunal de première instance de la Manouba, le jeudi 28 mars 2013 à partir de 9 heures du matin pour exprimer leur solidarité avec le doyen Kazdaghli, leur rejet de la violence, leur refus des tentatives d’instrumentalisation de la justice et leur soutien à l’indépendance de la magistrature tunisienne.
Les premiers signataires
- L’Association tunisienne de défense des valeurs universitaires
- L’Alliance civile contre la violence et pour les libertés (30 associations)
- Le syndicat de base de la Faculté des lettres, des Arts et des humanités de la Manouba (FGESRS)
- L’Observatoire des libertés académiques (FGESRS)
- Le Forum universitaire tunisien
- La Ligue tunisienne pour la défense des libertés académiques et de la création
- Le Syndicat des artistes plasticiens
- L’Association tunisienne des femmes démocrates
- L’Association tunisienne pour la défense des droits de l’enfant
- Nawarni