Les mauvais calculs de Moncef Marzouki
A trois reprises le président de la république s’en est pris violemment à l’opposition. Ce faisant, il a commis deux fautes graves :
1 - Un haut responsable politique et a fortiori quand il s’agit d’un président de la république ne doit jamais traiter des problèmes de politique intérieure quand il se trouve à l’étranger,
2 - Il doit rester au dessus de la mêlée se mettant à égale distance de tous les partis y compris le sien.
Moncef Marzouki a choisi de tourner le dos à ces deux lois d’airain auxquelles tout président qui se respecte est tenu de soumettre. Il avait déjà bien du mal à faire la distinction entre le militant des droits de l’homme qui ne s’embarrasse pas de circonlocutions qu’il était et le président de la république soumis à une obligation de réserve. Le voilà redevenu chef de parti, même si le sien est tombé en lambeaux.
Qu’a donc dit de si grave, notre président provisoire ? Vous trouverez l’essentiel de ses interventions sur facebook. Contentons-nous de ces morceaux de bravoure : « s’il vient à l’idée des extrémistes laïques de chercher à s’emparer du pouvoir, on dressera des potences et des guillotines et il n’y aura pas de sages, comme Moncef Marzouki, Mustapha Ben Jaafar ou Rached Ghannouchi pour prôner la modération, le dialogue ou la réconciliation nationale ». « Les extrémistes laïques voulaient faire rendre l’âme à la Troïka, ce sont eux qui ont rendu l’âme ». « Toutes les lignes rouges de la mauvaise foi ont été franchies par les extrémistes laïques. Ennahdha a accepté d’abandonner les ministères régaliens comme ils le réclamaient à cor et a cri. Au lieu de la remercier, ils ont demandé davantage de concessions et minimisé le geste d’Ennahdha ». «L'opposition doit garder son sang froid. Faute de quoi, elle risque de le regretter»
Chassez le naturel, il revient au galop. Bridé par ses fonctions, le Dr Marzouki a sans doute jugé que cela avait assez duré, d’autant plus que les élections sont proches. Et comme il est au plus bas dans les sondages, rien ne vaut une charge contre l’opposition pour se rappeler au bon souvenir des électeurs et surtout d’Ennahdha qui n’avait apprécié que très modérément ses déclarations sur « l’hégémonisme » de ce mouvement. C’est peut-être trop tard pour lui, car pour être à l’abri des mauvaises surprises, ce qui est souvent le cas avec Marzouki, le mouvement de Rached Ghannouchi a certainement fait son choix : C’est Hamadi Jebali, qui sera probablement son candidat aux présidentielles. Mais dans tous les cas de figure, il sera difficile dorénavant à Moncef Marzouki de jouer le rôle qui a été le sien pendant la crise gouvernementale celui de dernier recours dans les grandes crises.
Hédi
(Photo présidence de la république)