Le coup de colère de Chedly Ayari
La scène n’a échappé à personne, ni ceux présents jeudi matin au palais de Carthage, ni les téléspectateurs et les internautes surfant sur les réseaux sociaux. Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Chedly Ayari, connu pour son flegme et son raffinement est finalement sorti de ses gonds, refusant l’affront fait à l’institution qu’il dirige et à la Commission nationale de récupération des avoirs tunisiens è l'étranger qu’il préside. La remise d’un chèque de 28.800.818 dollars US, libellé au nom de la BCT et représentant la première tranche des avoirs spoliés restitués à la Tunisie suite aux efforts déployés depuis plus de deux ans par la Commission, a été scénarisée à forte dose.
Toute une cérémonie a été en effet montée à Carthage, avec décoration de l’avocat mandaté par l’ONU pour remettre le chèque, le Qatari Ali Ben Ftis, une allocution bien musclée du président Marzouki, arborant fièrement le chèque, rendant un hommage plus qu’appuyé au Qatar et à l’avocat, occultant les efforts tunisiens et remise du chèque au ministre des Finances. Invité à la cérémonie, le gouverneur Ayari n’avait été prévu que dans la figuration. Les démarches intensives menées par tant de magistrats, d'avocats, d'experts et de hauts fonctionnaires tunisiens, passaient à la trappe .Pouvait-il l’accepter.
Maladresse protocolaire, mauvaise communication, erreur d’appréciation ou tout cela à la fois ? Contenant à peine à sa vexation, dès la fin de l’allocution de Marzouki, Chedly Ayari n’a pu retenir son coup de colère. Le tout nouveau ministre de la Justice, Nadhir Ben Ammou, très courtois, et qui n’était pour rien dans ce qui s’était passé à essayé de l’apaiser, le rejoignant jusqu’à sa voiture, mais pour le gouverneur de la Banque centrale, l’affront à l’institution et à la Commission ne pouvait rester sans indignation. Plus tard, il se consolera en laissant échapper : « l’essentiel, c’est que l’argent est là et atterrira dans les caisses de la BCT, au profit de la Tunisie. C’est le plus important ! » En attendant le reste.
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