Luiz Antonio Fachini Gomes: Un ambassadeur témoin de grands moments
Tunis sera son dernier poste diplomatique avant de prendre sa retraite. Après 42 ans de carrière, l’ambassadeur du Brésil, Luiz Antonio Fachini Gomes, passera cet été le témoin à son successeur, déjà pressenti, Julio Bitelli. Dans ce pays à la longue tradition diplomatique, inaugurée par le célèbre Baron de Rio Branco, père des traités historiques des frontières, les carrières se décident longtemps à l’avance.
Une fois désigné, tout nouvel ambassadeur est auditionné sur son programme par la commission des relations extérieures d’une des deux chambres du Congrès (le Sénat), pour en obtenir l’accord. A la base, le recrutement se fait sur concours d’entrée à l’Académie diplomatique, effectué chaque année dans toutes les régions pour garantir une large représentation, puis à la sortie par une sélection rigoureuse. Tous les diplomates en sont issus et point de place à des politiques ou autres.
«Dès mon jeune âge, raconte à Leaders l’ambassadeur Fachini Gomes, j’étais passionné de grands voyages. Mon père était homme d’affaires et ne prenait presque pas de vacances. Encore enfant, je découvrais le monde à travers les livres que je lisais au fin fond de ma ville natale de l’intérieur du Brésil. Et c’est ainsi que j’ai été séduit par une carrière diplomatique. Dès ma sortie de l’académie, j’ai égrené une série d’affectations à l’étranger: Vienne, Prague, New York, Afrique du Sud, Sydney, Londres, Téhéran, le Guatemala et me voilà à Tunis chef de mission. Ambassadeur en Afrique du Sud (1990-1993), juste avant l’élection de Nelson Mandela, j’ai suivi de près une phase historique de la transition démocratique de ce pays. J’ai eu également à assister, ambassadeur en Iran, à l’élection d’Ahmadinejad, comme j’ai eu la chance, nommé à Tunis, de vivre de près cette magnifique révolution».
Curieux hasard, en effet. Nommé à Tunis, en 2010, il devait rejoindre son poste deux mois avant la révolution. Le protocole tunisien prévoit pour les nouveaux ambassadeurs une présentation des lettres de créance par groupes. Son prédécesseur l’avait prévenu, lui proposant d’arriver deux jours plus tôt pour rejoindre les chefs de postes qui devaient être reçus par le président déchu. Et, selon l’ordre d’arrivée, il devait être le dernier de la liste. Mais, ne pouvant se libérer plus tôt, il arriva deux jours plus tard. C’est ainsi qu’il sera, à son grand bonheur, le premier ambassadeur à présenter ses lettres de créance, après la révolution, au président Foued Mebazaa. Témoin de grands moments historiques dans divers pays, il sera bien servi en Tunisie d’où il repartira avec d’inoubliables souvenirs.