Notre constitution sera-t-elle parmi les meilleures au monde ?

Le président de l’ANC nous a promis dernièrement à l’occasion de l’achèvement de la troisième mouture du projet de constitution que celle-ci serait parmi les meilleures  au monde. C’est que disait aussi Staline lorsque sa constitution a été adoptée en 1936. Celle-ci avait  supprimé  les restrictions de vote,  établi le suffrage universel et reconnu aux soviétiques des droits jusque-là  non reconnus même par les constitutions des pays capitalistes à cette époque, parmi lesquels les droits au travail, au repos et au loisir, la protection de la santé, le soin aux personnes âgées ou malades, le droit au logement, à l'éducation et aux bénéfices culturels ⁽¹⁾. Pourtant, elle  n’a pas empêché les pires violations des droits de l’homme que le  monde ait jamais connues, comme les fameux procès de Moscou où la fine fleur de la nomenklatura soviétique et notamment les vieux compagnons de Lénine, Boukharine, Zinoviev, Kamenev, a été condamnée à mort et passée par les armes en 24 heures, ni les déportations massives de millions soviétiques en Sibérie (on a parlé de 20 millions de personnes dont la plupart ont péri).

N’oublions pas non plus, notre constitution de 1959 dans sa première version, très libérale, elle aussi, mais qui n’a évité ni le système du parti unique, ni même la présidence à vie en 1974. A contrario, la Grande Bretagne, considérée comme l’une des plus vieilles démocraties du monde n’a jamais eu de constitution.
 M. Mustapha Ben Jaafar aurait donc gagné à faire preuve de plus de modestie  dans ses jugements. Une constitution ne peut être jugée bonne ou mauvaise que lorsqu'elle sera mise à l'épreuve des faits et des interprétations des uns et des autres.

(1) Wikipédia

Hédi