70% des Tunisiens sont opposés à l'abolition de la peine de mort
Interrogés sur leur position à l’égard de la peine de mort, 70% des Tunisiens se sont déclarés opposés à son abolition, dans un sondage d’opinion, le premier du genre sur la question, que publie le magazine mensuel Leaders dans sa livraison de mai 2013 (déjà en kiosques). Par contre, selon la même enquête, 27% s’expriment en faveur de son abolition, alors que 3% ne se déclarent pas.
Le dossier spécial que consacre Leaders à la question, à la veille de la tenue en juin prochain à Madrid du 5ème congrès mondial sur la peine de mort offre un large panorama de la situation en Tunisie, soutenu par des indicateurs et des données jamais révélés auparavant. C’est ainsi qu’on apprend notamment que depuis l’indépendance, 135 exécutions ont été effectuées par pendaison ou par balles, dont 129 sous Bourguiba, pour la plupart dans des affaires d’atteinte à la sûreté de l’Etat et 6 sous Ben Ai. Un moratoire de fait sur les exécutions est observé depuis plus de vingt ans, la dernière pendaison remonte en effet au 9 octobre 1991. Après la révolution, le président de la République provisoire, Moncef Marzouki a commué la peine de mort de 122 condamnés, par la prison à perpétuité. Actuellement, 11 condamnés à mort attendent l’ultime décision quant à leur sort.
Le magazine Leaders nous restitue aussi dans ce dossier le vécu dans les couloirs de la mort, à travers une interview de Samy Ghorbal qui y a passé 3 semaines et rencontré une trentaine de condamnés à mort, une interview exclusive du dernier bourreau, Am Hassen et le récit d’une exécution, celle du tueur en série, Naceur Damergi, Saffah Nabeul, le 17 novembre 1990. Outre le sondage d’opinion dont nous trouvons les indicateurs détaillés, on lit également les positions de différentes personnalités tunisiennes, notamment Moncef Marzouki, Rached Ghannouchi, Me Lazhar Karoui Chebbi, Dr Saadeddine Zmerli, le mufti Cheikh Othman Battikh, Imad Daïmi au nom du CPR, Ahlem Beljhaj, psychiatre et au nom des Femmes démocrates, etc.
Le dossier de Leaders invite surtout à ouvrir un débat national sur la peine de mort afin d’en expliquer toutes les dimensions en vue de promouvoir une position majoritaire sur la question.