Hamadi Jebali : la priorité est à la récupération des armes et de stopper leurs fuites à travers nos frontières
Rompant une trêve médiatique de 45 jours observée depuis son départ de la Kasbah, l’ancien chef du gouvernement, Hamadi Jebali a estimé qu’ »aujourd’hui, la priorité des priorités est d’engager une campagne décisive et de grande envergure de récupération des armes qui circulent dans le pays et de stopper les fuites d’armes à travers nos frontières ». « C’est un devoir national, ajoute-t-il qui transcende les divergences et les surenchères politiques et qui nécessite un large soutien politique, une assise réglementaire et législative ad hoc ainsi qu’un appui matériel. Il est pour le moins étrange et anormal que certains politiques et médias prennent la défense de ceux qui s’en prennent aux forces de sécurité alors même qu’elles sont en train de protéger le pays, l’Etat et les citoyens. De grâce, ne rajoutons pas des mines politiques et autres sociales aux mines de Jebel Chaâmbi ».
Dans une interview accordée à notre confrère La Presse, il a évoqué tour-à-tour le rôle qu’il compte jouer et sa position à l’égard d’Ennahdha, l’absence de leadership sur la scène politique et la candidature de Béji Caïd Essebsi aux présidentielles.
Interrogé sur son statut actuel et le rôle qu’il compte incarner, Jebali a indiqué qu’il a mis à profit la période écoulée un peu au repos et « surtout au suivi de l’évolution de la situation du pays et à la recherche du meilleur rôle que je peux jouer au service de la Tunisie ». Sans définir avec précision ce qu’il compte faire, il a déclaré : « le meilleur des rôles dans la conjoncture actuelle consiste, à mon sens, à soutenir les efforts du pays, de l’Etat, du gouvernement et de la société tunisienne dans son ensemble à faire réussir cette période de transition, à réaliser au moins quelques objectifs de la révolution à rédiger la Constitution, à tenir des élections transparentes et démocratiques qui marqueront le début d’une nouvelle période d’édification de l’Etat et de la réalisation de l’ensemble des objectifs de la révolution ». Et d’ajouter : « je suis toujours au service de la Tunisie et mon rôle sera aussi de consolider le rayonnement de la Tunisie à l’échelle internationale. La question de l’investissement me tient tout particulièrement à cœur et je n’épargnerais aucune énergie pour polariser et attirer les investisseurs étrangers vers notre pays et susciter un plus grand intérêt de la part des regroupements économiques régionaux comme l’Union européenne, les pays du Golfe et l’Amérique, pour le site tunisien ».
Répondant à une question relative à la violence qui pourrait trouver ses origines dans l’absence de leadership, l’ancien chef du gouvernement a déclaré : « il y a aujourd’hui un déficit de leadership. Il est à cet égard, du devoir du gouvernement, de la présidence de la République, de l’ANC et des partis politiques de faire front commun contre la violence et le réel danger qui menace le pays. Face à cette menace, il ne faudrait pas qu’on se perde et qu’on gaspille les énergies dans les méandres et les ramifications des conférences et des débats. Personne n’est dupe quant aux visées électorales et politiciennes de ce bouillonnement de dialogues, de débats et d’initiatives, faisons donc au moins front uni au sujet de la lutte contre la violence et face aux menaces qui guettent le pays ».
Compte-t-il quitter Ennahdha et créer son propre parti ? « Les Tunisiens en ont en assez des déchirures politiques, répond-il. Leur message est simple : «On n’a pas fait la révolution pour assister aux disputes partisanes et politiques ». La sagesse veut qu’on s’élève aujourd’hui au-dessus de ces petits calculs et des projections surfaites et prématurées. Les priorités sont aujourd’hui ailleurs : il s’agit de parer à toute menace qui guette le pays ».
Au sujet de la candidature de Beji Caïd Essebsi aux présidentielles, Jebali estime que : « Si Beji est tout à fait libre de présenter sa candidature. C’est une affaire interne qui concerne uniquement son parti. Je considère que le plus important est qu’on organise des élections transparentes et démocratiques et pour cela il faudrait un large consensus. La révolution permet à chaque Tunisien cette liberté de présenter sa candidature pour les échéances politiques, mais elle le permet dans le respect de la Constitution et de la loi ».
Photo: K. Khanchouch/ La Presse