Les Destouriens, mêmes «libres» ont-il un avenir en Tunisie ?
Omar S’Habou n’y est pas allé par quatre chemins. «Ceux qui croient que la pensée des frères musulmans ou celle des wahabistes trouvent impact auprès des Tunisiens doivent se rendre à l’évidence que l’esprit destourien, réformateur et moderniste bénéficiera longtemps encore de grande audience en Tunisie». Annonçant lundi la constitution du «Mouvement des Destouriens libres» (MDL) fusion de six partis, il a tenu à définir «le destourien libre» en se démarquant de tous les autres, notamment ceux qui se sont impliqués sous la bannière du RCD, par leur silence dans l’emprisonnement de Bourguiba et leur complicité dans l’étouffement de son œuvre.
Tout en distinguant les vrais patriotes dont certains se sont retrouvés par la force des choses au sein du RCD de ceux qui ont fait partie du « Système Ben Ali, dans une abominable composition politique, sécuritaire et mafieuse qui s’est érigée en bande de malfaiteurs », il a pointé particulièrement du doigt «ceux qui se sont empressés, après la révolution, à faire les yeux doux à Ennahdha et la rallier».
D’ailleurs S’Habou a clairement indiqué que le MDL se démarque nettement d’Ennahdha, affirmant : « nous sommes deux lignes parallèles qui ne se rejoignent jamais ». Le MDL, a-t-il insisté s’élargit à de larges franges de différentes tranches d’âges, unie par le même idéal démocratique et moderniste, s’inspirant de la pensée bourguibienne. Il cite à cet égard deux dirigeants fondateurs qui viennent d’horizons différents mais se retrouvent autour de cette même plateforme conceptuelle, à savoir Salah Mosbah, l’un des fondateurs avec Hamma Hamammi et Chokri Belaid du Watad, trois fois emprisonné sous Bourguiba, puis sous Ben Ali et Amani Trabelsi, 24 ans, juriste qui découvre avec intérêt la pensée destourienne.
Le lancement du MDL a réunit près de 300 adhérents et invités venus de diverses régions du pays. Si Mebazaa, Essebsi et Kooli, pourtant annoncés, n’y ont pas pris part, d’autres barons du Néo-Destour ont répondu à l’invitation, notamment les Mustapha Filali, Mansour Moalla, Abdelmajid Chaker, Rachid Sfar, Mohamed Ennaceur et Amor Chadly, ainsi que Noureddine Hached.
A noter qu’Omar S’Habou a annoncé à cette occasion que pour éviter toute interférence, il a décidé de se retirer de la direction du quotidien Al Maghreb. Moncef Sellami sera aux commandes en tant que PDG de la société éditrice et Zyed Krichen dirigera la rédaction.