La stratégie d'Ali Laarayedh contre le terrorisme: agir sur différents fronts
S’il n’a pas fourni des détails sur la traque des jihadistes au Chaambi, soucieux de protéger les opérations en cours, le chef du gouvernement, Ali Laarayedh a exposé mercredi devant les Constituants les fondements de la stratégie sécuritaire déployée. Se voulant rassurant mais en gardant le sens de la mesure, il a tenu d’emblée à dire : « Il nous reste beaucoup à faire, mais nous avançons dans le bon sens et enregistrons une amélioration progressive ». Laarayedh a rappelé que la confrontation directe avec les terroristes a commencé il y a près d’un an, dénonçant « les extrémistes violents qui ont profité des libertés, des dérapages, de la conjoncture dans la région et de l’affaiblissement de l’Etat » pour accomplir leurs forfaits.
« La confrontation, a-t-il, indiqué, s’effectue sur plus d’un front. Pour les mosquées, un bon nombre d’entre elles ont été reprises en main après des situations de confusion et de dérapages. Les manifestations anarchiques et l’installation de tentes et autres ont été suivies avec attention pour en limiter le nombre et exiger des autorisations préalables. La traque des réseaux d’envoi de jeunes tunisiens à l’étranger est intensive et a permis, entre autres, l’interdiction de voyage à plus d’un millier de personnes soupçonnées de partir combattre. La pourchasse des réseaux de trafic d’armes a révélé l’existence de commerce avec des stockages aux fins d’utilisation dans des opérations terroristes en Tunisie et à l’étranger, et dont la destination finale n’a pas été élucidée avec précision. Ces réseaux identifiés ont tous été démantelés et des dizaines d’arrestations ont été opérées ».
S’agissant des jihadistes réfugiés au Chaambi, Ali Laarayedh a souligné qu’une partie d’entre eux sont ceux qui avaient été poursuivis dans des quartiers populaires et certaines villes et ont pris la fuite dans les montagnes. « Avec détermination et persévérance nous sommes à leurs trousses et nous n’épargnerons aucun effort pour les mettre hors d’état de nuire ».
Entre «union sacrée» et dénonciation du gouvernement
En se positionnant sur les axes stratégiques, sans entrer dans les détails, la déclaration du chef du gouvernement, lors de la séance plénière de questions orales au gouvernement consacrée mercredi par l’Assemblée nationale constituante à la situation sécuritaire dans le pays, a été accueillie certes par un appui total aux forces armées et de sécurité, mais suscité des réactions mitigées sur les bancs du Bardo. Si les élus d’Ennahdha ont été unanimes à appeler à « l’union sacrée face à la grande menace qui s’attaque à l’ensemble de la nation, invitant les différentes familles politiques à mettre fin aux tiraillements », ceux de l’opposition n’ont pas manqué de relever « de graves défaillances dans les stratégies adoptées ».
C’est ainsi qu’Abdelmoneim Kerir a demandé au gouvernement de présenter ses excuses au peuple tunisien pour n’avoir pas accompli le devoir à sa charge. Hichem Hosni a fait porter au gouvernement actuel, mais aussi celui qui l’avait précédé la responsabilité de la situation. Samir Taieb a indiqué que ce qui se passe ne constitue pas une surprise, s’inscrivant dans la suite des évènements déjà dénoncés. Il a demandé si le gouvernement envisage la constitution d’une commission mixte entre le ministère de la Défense et celui de l’Intérieur et la mise en place d’un état-major commun. A ses yeux, le premier pas dans le combat contre le terrorisme consiste dans la reprise en main des mosquées et la garantie de leur neutralité. Aussi, convient-il de mettre fin à l'état d'urgence afin de permettre à l'armée de retirer nombre de ses éléments dans les villes, pour les redéployer sur les frontières.