La poignée de mains Caïd Essebsi-Ghannouchi était-elle fortuite ?
Le Dialogue national sur les dossiers économiques organisé samedi par l'UTICA restera dans l’histoire non pas pour les communications, par ailleurs remarquables, de Radhi Meddeb et Hichem Elloumi et le discours courageux de la présidente du patronat, mais pour la poignée de mains entre Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi. Ce geste n’était pas fortuit, même s’il a été facilité par la disposition des invités. On ignore les arrières-pensées de Caïd Essebsi, mais cet évènement ne se serait probablement pas produit si le président de Nidaa Tounès n’avait pas tendu la main le premier (comme le montrent les photos) à son meilleur adversaire le plaçant devant un dilemme cornélien : soit le leader d'Ennahdha refuse de lui serrrer la main, et son geste serait mal perçu par l'opinion publique, alors que le pays, en butte aux agressions terroristes, avait besoin d'un geste qui scellerait l'unité nationale, soit il accepte au risque de mécontenter sa base à laquelle, il avait toujours expliqué que Nidaa Tounès n'était qu'un "recyclage" de l'ex RCD et son président, un" zélateur" de l'ancien régime. Il a choisi le moindre mal, c'est à dire la poignée de mains. Mais dans les deux cas, si Béji était à son avantage.
En novembre prochain, BCE aura 87 ans et pourtant, il continue à s’illustrer par son habileté, son agilité d’esprit, et sa combativité. Qui des hommes politiques, est aujourd'hui capable d'improviser, debout, un discours de 45 minutes et de surcroît d'une haute tenue. Ses adversaires ont cru bien faire qui en ont fait leur cible principale, insistant sur son âge avancé. Ils ont oublié, comme dirait si Béji, que l'âge n'est pas un état civil, il est un état d'esprit. Certes, en politique, il est de bonne guerre de mettre en évidence ce qu'on suppose être les points faibles de l'adversaire, mais force est de constater que les arguments utilisés pour discréditer BCE ont été contre-productifs pour Ennahdha. A preuve, lui et son parti caracolent actuellement en tête de tous les sondages.
Reste à savoir si ce geste prélude à des relations plus apaisées entre les "deux grands". On l'espère même si beaucoup de Tunisiens ne cachent pas leur scepticisme. Si une alliance est hautement improbable, on ose espérer que cette poignée de mains contribue à mettre fin à la guerre civile froide que le pays connaît depuis près de deux ans et demi pour que les conditions soient enfin réunies en vue de la tenue des élections.
Hédi