160 000 Tunisiens ont migré de leur gouvernorat en 2011-2012
Les migrations intérieures sont considérées, à juste titre, comme les conséquences d’un développement inégal, économique et social, caractérisant un espace géographique, politique et humain déterminé. Phénomène démographique classique, elles peuvent relever aussi du déplacement «naturel» des populations entre «périphérie» et «centre» d’un même pays. Il existe toutefois une différence fondamentale entre «déplacement» et «migration». Le déplacement est entendu comme temporaire, lié à la probabilité d’un retour «programmé» ou non au village, ville ou région d’origine, une année ou plusieurs années après le déplacement. Il peut être suivi de plusieurs déplacements sans que cela ne revête la forme d’une migration. Par contre, la migration est liée à la notion de changement de résidence d’une zone à une autre, un changement voulu comme définitif. Elle peut être intra ou extrarégionale. Il en est même qui la considèrent comme une étape sur la voie de l’immigration.
Plus de 160 000 Tunisiens ont quitté leur gouvernorat pour s’installer dans un autre, en un an seulement, entre mai 2011 et mai 2012. Un rythme de migration interne qui s’accélère et constitue soit quasiment le double de celui observé en 2004 et le quadruple de celui observé en 1975. Première zone impactée, le District de Tunis, dont le solde migratoire, établi à +58,5 mille entre 1999-2004 et à +47,8 mille entre 1989-1994, passe à +62,9 mille durant cette même année. Quels sont les effets démographiques, socioéconomiques et politiques de ces migrations intérieures ? Quels risques posent notamment le vieillissement prématuré de certaines régions et ses conséquences sur leur développement ? Analyse.
Habib Touhami