Faut-il craindre le vieillissement démographique?
La question du vieillissement de la population commence à prendre de l’importance dans tous les pays en général et en Tunisie en particulier. Ce processus de vieillissement en cours va prendre de l’ampleur dans les décennies à venir dans un contexte historique, économique et culturel et selon une intensité et un calendrier différents de ce qu’ont connu les pays développés.
La transition démographique
La transition démographique, considérée comme un changement majeur dans l’évolution démographique, est un phénomène relativement récent dans l’histoire de l’humanité. Il est apparu en Europe il y a plus de deux siècles et a gagné progressivement le reste du monde. Pour la plupart des pays en développement, la transition démographique a commencé dans la deuxième moitié du siècle dernier. Le processus de la transition se déclenche lorsque les taux de mortalité puis de natalité commencent à baisser de façon significative. Le phénomène est global dans la mesure où il touche tous les pays sans exception avec toutefois des modalités très diverses et de grandes variations dans les conditions pré-transitionnelles, dans le décalage entre le début de la baisse de la mortalité et celle de la natalité, dans le niveau et dans le rythme de chacune de ces baisses.
La grande diversité des situations est le résultat des histoires démographiques dissemblables des différents pays. Certains pays qui ont commencé très tôt le processus transitionnel comme les pays développés ont déjà achevé depuis un certain temps leur transition démographique qui à terme aboutit à des taux de mortalité et de natalité très faibles et à des taux de croissance démographique très faibles ou nuls voire négatifs (dans ce cas, le nombre de la population régresse comme c’est le cas de l’Italie, de l’Allemagne ou de la Russie). D’autres, comme le cas de la Tunisie, sont en voie de terminer la transition démographique. Dans cette situation l’ISF se rapproche de 2,1 enfants par femme, indice considéré comme le seuil de remplacement des générations que notre pays l’avait atteint en 2001. D’autres sont en pleine transition démographique. Et enfin, il y a ceux qui l’ont à peine entamé qui sont les pays les plus pauvres de la planète.
La première conséquence de cette diversité séquentielle dans la transition démographique est la diversité des taux de croissance démographique. Ainsi, ces taux sont d’autant plus élevés que les pays qui l’enregistrent sont au début du processus de la transition alors que pour les pays qui l’ont achevé, les taux de croissance démographiques sont les plus faibles.
Le second résultat de cette diversité est la très grande hétérogénéité des structures par âge de la population c'est-à-dire la répartition de la population par groupes d’âge (jeune, adulte, personne âgée). En effet, la transition démographique, avec son corollaire de modification des taux de mortalité et de natalité, entraîne automatiquement et de façon mécanique et inéluctable la transformation des pyramides des âges. Dans un premier temps, on constate un élargissement de la base de la pyramide des âges qui traduit une augmentation de la proportion des jeunes de moins de 15 ans dans la population totale, puis dans un deuxième temps la baisse de leur proportion suite à la baisse du taux de fécondité (vieillissement par le bas) et une augmentation corrélative de la part des adultes et surtout des personnes âgées (vieillissement par le haut).
La transition démographique en Tunisie
En Tunisie, on peut dire que la transition démographique a commencé juste après la deuxième guerre mondiale c'est-à-dire à partir du moment où la mortalité commence à décliner suite au recul des maladies infectieuses et contagieuses qui frappaient les tunisiens de façon sporadique ou endémique (variole, paludisme, tuberculose, typhus, fièvre typhoïde,…) ainsi que la disparition des grandes famines qui survenaient jadis dans le pays de façon épisodique plus ou moins rapprochée. Ces deux fléaux causaient de grands ravages dans la population surtout parmi les éléments les plus vulnérables.
Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, le taux brut de mortalité (TBM) était de 27 à 28 p. mille. Depuis l’indépendance, la mortalité continue à baisser mais de façon plus rapide passant de 19 p. mille en 1960 à 13 p. mille en 1973. L’amélioration des conditions sanitaires, la mise en place de programmes de lutte contre les maladies endémiques sont certes les facteurs primordiaux, mais l’évolution et le développement des conditions socio-économiques sont aussi à prendre en compte pour expliquer le recul de la mortalité. Depuis 1990 et jusqu’à 2010, le TBM s’est stabilisé autour de la valeur de 5,6 p. mille. Cependant il est prévu qu’il entame légèrement une remonté du fait du vieillissement de la population.
Tableau 1: Evolution du taux brut de mortalité
Année | TBM | Année | TBM |
1960 1965 1970 1975 1980 1985 | 19,1 16,8 13,9 11,1 8,9 7,3 | 1990 1995 2000 2005 2010 | 5,6 5,8 5,6 5,9 5,6 |
Mais ce sont les taux de mortalité infantile qui ont reculé de façon spectaculaire. En effet, ils ont atteint des valeurs très élevées avec un pic de plus de 200 p. mille en 1943/1944 (en pleine 2ème guerre mondiale). Il est vrai que la situation socio-économique de cette décennie était catastrophique. Aux effets de la guerre qui a engendré une pénurie quasi-générale, s’ajoutent une pauvreté aigue, un manque d’hygiène, des famines causées par une série d’années de sécheresse survenues après la deuxième guerre mondiale.
Dans les années 1950, les taux de mortalité infantile ont commencé à baisser de manière significative puisqu’ils sont passés de près de 200 p. mille en 1950 à près de 100 p. mille en 1960.
Durant les années 1960, la baisse des taux de mortalité se poursuit avec un rythme accéléré. Le taux passe de 104 p. mille en 1960 à 77 p. mille en 1969.
Durant les années 1970, les taux de mortalité infantile ont continué à baisser mais moins rapidement que la décennie précédente.
Les années 1980 ont connu un fort recul du niveau de la mortalité infantile puisque le taux est passé de 75 p. mille en 1980 à 40 p. mille en 1991.
Les taux de mortalité infantile ont continué à baisser durant les années 1990 passant de 37 p. mille en 1991 à seulement 30 p. mille en 1996. La baisse s’est accélérée depuis puisque le taux est descendu à 17 p. mille en 2010.
Quant à la fécondité sa chute a été spectaculaire. En moins de 40 ans l’indice synthétique de fécondité (ISF), principal indicateur de fécondité est passé de 7,5 enfants par femme en âge de procréer en 1966 à seulement 2,05 en 2002 (en dessous de 2,1 considéré comme le seuil de remplacement des générations). On constate que le rythme de la baisse s’accélère d’une période à l’autre. Il a baissé de 19 % en 12 ans de 1966 à 1978, puis de 19,8 % en 10 ans de 1984 à 1994, puis la chute a été spectaculaire de 1994 à 1997 puisque en seulement 3 ans, la baisse a été de 38 %. Depuis, son évolution devient de plus en plus lente à mesure qu’il s’approche du chiffre 2, valeur du strict remplacement des générations. On note même une légère remonté de cet indice à partir de 2002.
Tableau 2: Evolution de l’indice synthétique de fécondité (ISF)
Année | ISF | Année | ISF |
1966 1975 1984 1994 | 7,15 5,79 4,72 2,87 | 1996 1998 2000 2002 | 2,51 2,23 2,11 2,05 |
La problématique du vieillissement
Le vieillissement démographique est un processus en cours de mondialisation dans la mesure où il a touché et touchera tous les pays sans exception car il est fortement lié à la transition démographique qui, elle aussi, est un phénomène universel. Ainsi, il s’agit d’un courant incontournable et irréversible auquel la raison commande de s’adapter le mieux possible, plutôt que de tenter vainement de l’enrayer. Le défi du vieillissement n’est pas simplement démographique et ne peut être réduit à une simple transformation quantitative des structures par âge. Les pays qui vont connaître ce phénomène de vieillissement, qui n’est encore qu’à son début, faut-il le rappeler, devront modifier leurs modes de fonctionnement, leurs modèles et leurs valeurs pour les adapter aux transformations des rapports entre générations.
Les progrès de la lutte contre la mortalité et l’allongement de l’espérance de vie allaient accentuer le vieillissement démographique. Le recul de la mortalité devrait inéluctablement entraîner un déclin de la fécondité provoquant des changements structurels d’autant plus importants que ce déclin serait plus rapide (le cas de la Chine est très révélateur à ce sujet).
Ce qu’on constate c’est l’existence de croyances, ancrées dans les esprits de nos concitoyens et même parmi certains démographes, qui sont sans fondement réel.
La première de ces idées est que le pays peut rester jeune du fait d’un dynamisme démographique soutenu par une fécondité très supérieure au niveau de remplacement des générations. Persister dans cette idée saugrenue, c’est oublier que les jeunes d’aujourd’hui sont les vieux de demain. Le dilemme d’Alfred Sauvy « croître ou vieillir », que certains de nos compatriotes le cite en exemple, est donc dépourvu de tout bon sens et ne résiste à aucune analyse objective.
La deuxième fausse idée est qu’on croît naïvement que, puisque c’est le déclin de la fécondité qui est à l’origine du phénomène du vieillissement, il suffisait d’agir sur la cause principale pour inverser les tendances et donc adopter une politique nataliste pour restaurer une structure démographique vieillissante. Là aussi le vieillissement est imparable car les jeunes, même nombreux, grandissent et arrivent à l’âge adulte puis à un âge plus avancé. Il se produit, en quelque sorte, un glissement de la population d’un groupe d’âge inférieur vers le groupe d’âge supérieur et la question du vieillissement devienne une question de temps. Ainsi, quelque soit le niveau de fécondité, réduite ou élevée, de la population, son vieillissement est inéluctable et chaque société est condamnée à brève ou à lointaine échéance à vieillir.
Le phénomène de « baby-boom » qui a touché presque tous les pays développés après la deuxième guerre mondiale a été suivi une cinquantaine d’années plus tard par un « papy-boom ». Ceux qui déclarent que le vieillissement représenterait une évolution néfaste à laquelle il faudrait s’opposer par tous les moyens n’ont pas bien compris le mécanisme et le processus du vieillissement. La seule stratégie réaliste n’est plus de lutter contre le vieillissement mais de s’y adapter, en dépit des difficultés. Car, comme l’écrit Pierre-Jean Thumerelle « les mesures préconisées pour limiter le vieillissement sont plus incantatoires que réalistes : nos sociétés sont condamnées à s’adapter à ce vieillissement dont on a dénoncé les effets nocifs à priori ».
Manifestement de tels raisonnements simplistes se fondent sur une conception mécaniciste des relations entre les phénomènes sociaux et acceptent trop facilement un principe de réversibilité des évolutions ne tenant pas compte des mutations des contextes sociétaux. Nous croyons tout connaître des causes du vieillissement et c’est sans doute vrai pour les causes immédiates qui ont déclenché le processus du vieillissement. Mais que sait-on des conséquences du phénomène en dehors de quelques idées préconçues et simplistes sur l’accroissement des dépenses de santé et sur la difficulté de garantir la pérennité du système de retraite et de protection sociale. Très peu de choses pour la simple raison qu’il s’agit d’un phénomène social tout à fait nouveau et que nous ne disposons pas d’assez de recul et de temps nécessaires pour mieux l’appréhender surtout pour les pays qui viennent d’entrer dans le processus de vieillissement, comme c’est le cas de la Tunisie, et qui ne se sont pas assez préparés pour affronter ce nouveau défi. Nos connaissances restent encore fragmentaires et entachées d’un fort degré d’indétermination et relèvent de la simple prospective, une discipline certes indispensable mais qui est loin d’avoir fait les preuves de son efficacité au point qu’aujourd’hui l’incertitude domine et tous les scénarios scrutant ou prédisant l’avenir peuvent paraître vraisemblables et possibles mais qu’un seul d’entre-eux se réalisera non pas parce qu’il sera le meilleur ou le plus plausible mais parce qu’il aurait été celui retenu par les différents acteurs sociaux et institutionnels souvent suite à un long processus de négociations et de conflits où les rapports de force peuvent changer d’un camp à l’autre. A ce propos, je cite Michel Loriaux qui s’exprimait sur cette question de façon magistrale et limpide.
« Les perspectives, pour utiles qu’elles soient dans certaines circonstances, sont toujours des instruments biaisés qui peuvent finir par obscurcir le jugement plutôt que l’éclaircir. Essentiellement parce qu’elles reposent sur des ensembles d’hypothèses conditionnelles qui ont souvent peu à voir avec une véritable réflexion prospective sur l’avenir de nos populations et des sociétés dans lesquelles elles vivent. Les combinaisons jugées optimales et considérées comme des scénarios de référence sont d’ailleurs parfois les moins vraisemblables, parce qu’elles reposent sur la simple extrapolation mathématique des tendances passées ou sur le statu quo qui évite d’imaginer d’autres situations ou encore sur des considérations normatives qui correspondent plus à ce que les auteurs de ces exercices prospectifs voudraient que soient l’avenir qu’à ce qu’il risque de devenir réellement ».
C’est l’histoire qui a voulu qu’il en soit ainsi car, chaque fois qu’un changement de cap se profile ou qu’un événement historique majeur se produit, une période d’adaptation plus ou moins longue est nécessaire pour les « digérer » et s’y adapter.
Or, certains démographes persistent dans une vision catastrophiste, appréhendent les conséquences du vieillissement et adoptent une attitude alarmiste de l’évolution démographique ce qui les empêche de traiter sereinement la question du vieillissement sous peine de se retrouver complètement à côté de ses enjeux réels. Les inquiétudes d’autrefois ne sont plus d’actualités. Les aînés d’aujourd’hui ne constituent plus la grande menace qui avait été anticipé pendant de longues années, parce que leurs caractéristiques sont très différentes, à âge égal, de celles des vieux d’autrefois et que leur insertion dans nos sociétés se pose en des termes radicalement différents. D’où la nécessité pour certains démographes restés cloîtré dans leurs anciennes convictions de réviser leur argumentaire et de faire l’effort de recontextualiser leur analyse et ne plus percevoir le vieillissement démographique à travers un appareil statistique quantitatif, désuet et abstrait, sans y distinguer les nouvelles dimensions qualitatives qui vont bouleverser la signification sociale du vieillissement.
Les temps ont changé, nos paradigmes analytiques doivent évoluer en conséquence et s’adapter à cette nouvelle situation à commencer par admettre que ce qui avait été annoncé comme un malheur collectif pouvait devenir un atout à condition de mener le combat là où il devait l’être, c'est-à-dire entreprendre les réformes nécessaires dont notre pays a grandement besoin (réforme de notre système éducatif et de formation, réforme de notre administration et de nos institutions, réforme fiscale, réforme du système de retraite, l’établissement d’un nouveau modèle de développement économique, réforme de l’Etat,…). Vaste chantier auquel notre élite et nos responsables politiques doivent s’atteler et lui consacrer le temps et l’effort nécessaires. Notre mentalité doit aussi changer et nos valeurs ressuscitées (travail, solidarité, entraide, probité, sens de la responsabilité,…), ainsi que notre façon de voir le monde qui nous entoure et dans lequel nous devons être des éléments actifs. Mais qu’en est-il de l’état du vieillissement dans notre pays.
Le vieillissement en Tunisie
La répartition par grands groupes d’âge (jeune, adulte, personnes âgées) peut donner une idée générale sur l’évolution de la structure par âge de la population qui s’est accélérée depuis les années 1960. La proportion des moins de 15 ans est passée par un maximum en 1966 avec 46,5 % de la population totale avant de décroître ensuite de manière continue pour atteindre 23,67 % en 2010 soit une baisse de près de 50 % en 45 ans. Cette évolution est la conséquence directe de la baisse du niveau de la mortalité infanto-juvénile et de la hausse du niveau de la fécondité jusqu’au milieu des années 1960. Depuis, le ralentissement de la croissance démographique a eu pour conséquence une réduction de la part des classes d’âges jeunes et une augmentation de la part des adultes et des personnes âgées.
La proportion des personnes âgées commence par diminuer passant de 6,7 % en 1946 à 5,1 % en 1956 avant de remonter à partir de 1966 de manière régulière et soutenue jusqu’à atteindre 9,93 % en 2010. La part des personnes âgées est supérieure à 10 % actuellement.
Enfin, le groupe des adultes (15 à 59 ans) commence aussi par diminuer à partir de 1946, passe par un minimum situé entre 1966 et 1975 et augmente par la suite jusqu’à atteindre 66,4 % en 2010. Autrement dit, actuellement deux personnes sur trois sont en âge adulte. Mais la proportion des adultes va connaître elle aussi une baisse au profit du groupe d’âge des personnes âgées.
Tableau 3: Evolution de la structure par âge (%) de 1946 à 2010
Groupe d’âge | 1946 % | 1956 % | 1966 % | 1975 % | 1984 % | 1994 % | 1998 % | 2004 % | 2007 % | 2010 % |
0-4 ans 15-59 ans 60 et + | 41,5 51,8 6,7 | 42,5 52,4 5,1 | 46,5 48,1 5,4 | 43,7 50,4 6,6 | 39,7 54,7 6,6 | 34,8 57 8,2 | 32,7 58,8 8,5 | 26,7 64 9,3 | 25,1 65,2 9,7 | 23,8 65,4 9,9 |
Total | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 |
Le vieillissement de la population n’est pas une simple transformation des structures par âge. Il modifie les rapports entre les générations et implique des adaptations et la création de nombreuses institutions, des réformes de nos modes de fonctionnement collectif ou des transformations des valeurs et des modèles culturels.
Les étapes du vieillissement
En fonction de l’évolution du vieillissement, le processus peut être divisé en 4 étapes :
- Vieillissement faible : La part des personnes âgées de 60 ans et + est inférieure à 10 % ;
- Vieillissement moyen : La part des personnes âgées est comprise entre 10 et 20 % ;
- Vieillissement fort : La part des personnes âgées est comprise entre 20 et 30 % ;
- Vieillissement très fort : La part des personnes âgées est supérieure à 30 %.
La période de chaque étape du vieillissement diffère d’un pays à l’autre. Ce qu’on constate c’est que la vitesse du vieillissement est plus rapide dans les pays en développement que dans les pays développés pour la simple raison que la transition démographique a, certes commencé plus tôt pour ces derniers, mais elle a mis beaucoup de temps à se dérouler contrairement aux pays en développement qui ont accompli ou sont en train d’accomplir leur transition démographique dans un laps de temps beaucoup plus court. Autrement dit les pays en voie de développement finiront tôt ou tard par rattraper les taux de vieillissement des pays développés. Prenons l’exemple du Canada et de la Chine. D’après la définition du degré de vieillissement donnée plus haut, le vieillissement en Chine est faible de 1971 à 1999, moyen de 2000 à 2025 et fort de 2026 à 2050 et très fort au-delà. Au Canada, il était faible de 1911 à 1940, moyen de 1941 à 2009 et fort de 2010 à 2050. A cette date, le vieillissement en Chine serait même légèrement supérieur à celui du Canada (29,8 % contre 29,7 %). Autrement dit, le canada qui a commencé le processus de vieillissement 60 ans plus tôt que la Chine se retrouve au même niveau de vieillissement en 2050.
En Tunisie, le vieillissement sera assez rapide. Il s’est déclenché en 1988 avec un taux de vieillissement de 6,87 et resté faible jusqu’à 2011 date à laquelle il a franchit la barre de 10 %. A partir de 2012, le pays est entré dans la deuxième étape du vieillissement de sa population qualifié de moyen et qui va durer jusqu’à 2036 où le taux de vieillissement atteindra 20 %.
Le vieillissement démographique est un phénomène inéluctable et universel. Dans tous les pays du monde, l’évolution démographique suivra la même tendance, celle du vieillissement de la population. Faut-il s’alarmer pour autant? Le débat sur la question reste ouvert. Deux thèses s’opposent. Pour certains, le problème est qualitatif et lié à la prise en charge d’un nombre toujours plus croissant de personnes improductives et dépendantes ; pour d’autres, il est plutôt qualitatif et lié à la place qui est faite aux gens âgés dans la société. Sans vouloir trancher pour l’une ou l’autre thèse remarquons simplement que les pays dits vieillis et supposés frappés par les tares du vieillissement connaissent un dynamisme scientifique, technologique et économique (l’exemple de l’Allemagne) sans commune mesure avec des pays à population encore jeune comme c’est le cas des pays de l’Afrique subsaharienne. Sans oublier que les personnes âgées disposent d’un grand savoir-faire et d’une expérience qu’il serait profitable pour la société d’en profiter et mettre à contribution les personnes âgées, qui en sont encore capables, dans l’effort de redressement économique et social, sans parler de leur participation dans la vie associative.
Je voudrais terminer l’article en citant Francis Gendreau et Dominique Tabutin qui écrivaient :
« La polarisation trop fréquente sur la seule partie haute de la pyramide des âges entraîne forcément une vision réductrice, qui est probablement la cause principale de la perception négative trop souvent attachée au phénomène de vieillissement. Si des questions comme celles de la pérennité des systèmes de retraite et de protection sociale sont importantes, elles doivent être appréhendées avec une vision dynamique des transformations des sociétés dans leur ensemble et des modifications des relations intergénérationnelles (…). Les modes de fonctionnement de nos sociétés, nos institutions et nos structures économiques et sociales doivent ainsi évoluer pour qu’elles correspondent mieux aux nouvelles structures démographiques qui se mettent en place et aux besoins nouveaux qui en découlent ».
Mohamed Abdennadher