La violence politique en Tunisie, en débat à l'Association Tunisienne d'Etudes Politiques
La violence est-elle en Tunisie une excroissance de la révolution ou de l’islamisme et si l’impunité, le laxisme des autorités et l’insécurité ne sont pas, en eux-mêmes, une invitation à sa consolidation ? Est-il possible de concevoir une constitution sous la menace permanente de la violence ? La montée de la violence risque-t-elle encore à la longue de conduire à l’effacement de l’Etat ? Hatem Mrad et ses coéquipiers à l’Association Tunisienne d’Etudes Politiques (ATEP), ont eu la main heureuse en choisissant pour thème la violence politique en Tunisie à leurs VIèmes conférences annuelles qui se tiendront ce samedi 8 juin 2013 à Yasmine Hammamet.
La liste des intervenants comprend notamment :
- Fadhel Moussa, Doyen de la Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis
- Yadh Ben Achour, Ancien doyen et ancien président de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution
- Noureddine Hached, Président de l’institut Farhat Hached
- Hatem M’rad, Professeur de science politique à la Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis et Président de l’ATEP
- Slim Laghmani, Professeur de droit à la Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis
- Samir Taieb, Membre de l’Assemblée nationale constituante
- Moez Ben Messaoud, Maitre de conférences agrégé à l’Institut de la Presse et des Sciences de l’Information
- Khaled Mejri, Assistant à la Faculté des Sciences Juridiques,Politiques et Sociales de Tunis
- Imed Melliti, Maitre de conférences agrégé à l’Institut supérieur des sciences humaines
- Moez Charfeddine, Assistant à la Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis
- Amine Thabet, Assistant à la Faculté des Sciences Juridiques,Politiques et Sociales de Tunis
Quelles solutions?
Introduisant le thème choisi, les organisateurs écrivent : « La Tunisie était un pays réputé pour sa stabilité sous Bourguiba, puis pour son immobilisme sous Ben Ali. La révolution du 14 janvier a constitué une rupture à ce sujet. La révolution est elle-même, comme toute révolution, une forme de violence, même si elle a été relativement pacifique en Tunisie. Mais elle a eu son lot de morts.
La violence était présente dans la première phase de transition sous le gouvernement Essebsi. Il y avait autant de violence dans les agitations et manifestations à caractère économique, social et professionnel (grèves, occupations de bâtiments ou d’entreprises, sit-ins, séquestrations) que dans les manifestations à caractère politique (comme les sit-ins de Casbah 1 ou de Casbah 2). Mais à ce stade, la violence n’était pas dramatique, elle était gérable, même si l’instabilité et la confusion prévalaient.
Paradoxalement, c’est à la suite des premières élections démocratiques de l’histoire tunisienne du 23 octobre 2011et l’obtention de la majorité par le mouvement islamiste Ennahdha à la constituante que la violence est montée d’un cran et a même éclaté dans la sphère publique. Une violence contraire à la nature et au tempérament des Tunisiens, peuple habituellement pacifique et modéré. La victoire d’Ennahdha a encouragé les différents mouvements rôdant autour du giron islamiste, salafistes, jihadistes et wahabites, à user de la violence dans leurs prêches, actions et manifestations. Ennahdha a par ailleurs crée des milices et ligues de protection de la révolution, chargées d’exécuter les ordres du parti contre les acteurs laïcs ou contre les partis, l’UGTT, la société civile, les intellectuels, médias et journalistes, ou contre les ambassades étrangères. Le seuil extrême de la violence a été atteint à la suite du lynchage d’un militant de Nida Tounès à Tataouine, puis par l’assassinat du leader de gauche ChokriBelaïd. La révolution a eu ainsi sa part de violence et de martyrs.
Si la violence n’est pas absente des débats et des manifestations des régimes politiques, elle est canalisée et vigoureusement réprimée dans les démocraties. Les mouvements violents confondent d’ordinaire démocratie et faiblesse. La Tunisie est même devenue, au même titre que ses voisins immédiats, un terrain stratégique pour les terroristes talibans».