Un livre de Khayam Turki : « Demain la Tunisie »
Face aux fractures sociales, quelle politique extérieure pour la Tunisie ? s’interroge Khayam Turki dans un livre qu’il publie cette semaine sous le titre « Demain la Tunisie », chez Sud Editions. Fils de diplomate, financier, engagé depuis longtemps dans l’action humanitaire et l’une des chevilles ouvrières d’Ettakatol, il dresse dans son essai l’état des lieux, analyse les fractures sociales, identifie les principaux intervenants et scrute les perspectives. En épilogue, il se demande : comment débloquer le présent ?
Extraits de l’avant-propos
"L’idée d’écrire cet ouvrage germa dans mon esprit quand je parvins, enfin, à remonter aux origines d’une impression diffuse et dérangeante qui n’avait cessé de m’accompagner depuis la révolution. Une sensation double qui faisait s’alterner en moi de la fierté et de l’accablement. Ces deux émotions m’entrelaçaient, provoquant immanquablement l’impression d’une contradiction interne, presque personnelle.
C’est en parcourant la Tunisie, qu’on disait libérée mais que je découvrais meurtrie, que je réalisai que ce double affect reflétait d’une part, le sentiment de fierté provenant du rayonnement de la révolution sur le plan international et d’autre part, l’accablement face à l’amer constat de cette injustice sociale à la source du soulèvement. D’un côté, j’étais fier de voir se dresser à la face du monde une nouvelle Tunisie décidant de son devenir et dont la révolution faisait des émules jusque dans les contrées les plus lointaines et de l’autre, je découvrais -ou faisais mine de découvrir honteusement- une Tunisie accablée par un intérieur pauvre, marginalisé et légitimement en révolte.
Plutôt que de percevoir cette dualité comme un parallèle sans pont ni lien, je tentai de réfléchir aux moyens de voir les enjeux sociaux internes profiter de notre nouvelle tribune internationale et notre politique extérieure portée par la noblesse de notre défi interne.
(…)
J’ai toujours été convaincu que la Tunisie, forte de sa longue histoire et de son expérience accumulée, avait les moyens de penser et de baliser une voie propre à relever les défis sociaux et à les arrimer à une nouvelle politique extérieure. Je suis persuadé qu’elle doit le faire dès aujourd’hui, au beau milieu de ses difficultés, de ses troubles et de ses craintes. C’est le devoir de l’actuelle génération politique de dépasser ses rivalités et de s’atteler à cette tâche, sans plus attendre.
(…)
Le lecteur remarquera qu’à l’image de mon engagement politique, ma réflexion ne s’est jamais départie d’un solide optimisme au regard de l’avenir du pays. Il ne repose pas sur une naïveté béate mais sur une confiance sans bornes en l’intelligence de ce peuple qui vient de tutoyer l’Histoire. Il n’y a de grandeur pour un peuple qu’à l’ombre de la quête de justice sociale. Les Tunisiens l’ont compris, leur révolution l’a prouvé".
Présentation, débat et dédicace: vendredi 7 juin 2013, à partir de 18H à Dar zarrouk, Sidi Bou Saïd
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