Essebsi : la loi sur« l'immunisation» ne passera pas et nous remporterons les élections
A quelques jours de l’examen en séance plénière du projet de loi dit d’immunisation de la révolution, le président de Nidaa Tounès, Béji Caïd Essebsi évoque longuement cette question dans une interview au journal El Maghreb (édition du jeudi 13 juin). Il estime que « ce projet de loi risque de diviser davantage les Tunisiens, alors que la menace terroriste à laquelle nous faisons face et qui constitue un réel danger pour le pays, aurait dû nous inciter à resserrer les rangs ». Il persiste à penser qu’ «ils ne réussiront jamais à l’appliquer, d’une part, parce que[le texte] concerne plus de soixante mille personnes et d’autre part, parce qu’il est inique et ne vise pas tant à sanctionner certaines parties pour des actes qu’elles avaient commis qu’à exclure de la vie politique des adversaires ». Caïd Essebsi rejette la proposition de Rached Ghannouchi d’exonérer ceux qui auraient présenté leurs excuses au peuple de toute exclusion : « Il n’a aucune légitimité à présenter une telle proposition (…) Son parti dispose certes du plus grand nombre de sièges à l’ANC. Mais ils ont été élus pour un an et pour une mission précise : rédiger la constitution. Le délai a expiré et ils n’ont pas rédigé la constitution ».
Comment compte-t-il réagir pour faire échec à cette loi ? « Nous allons nous mobiliser sur les plans intérieur et extérieur, à la fois contre les lacunes de la constitution et le projet d’immunisation de la révolution. Celui qui ne peut pas s’engager dans cette voie ne doit pas faire de politique ».
Sur les élections, le président de Nidaa Tounès est catégorique. « Elles ne pourront pas avoir lieu en 2013, mais en 2014 et encore, car il y a des parties qui ne veulent pas en entendre parler à l’instar du mouvement Ennahdha et ses deux partenaires au pouvoir, parce qu’elles risquent de révéler leur véritable poids par les chiffres. En tout cas, ces élections doivent se tenir dans la transparence et sous supervision internationale ». Il estime que «nos chances de victoire sont intactes». «Si je n’en était pas sûr, ajoute-il, je n’aurais pas perdu mon temps et celui des autres. Nous n’essayerons pas de tromper les Tunisiens. Nous remplissons notre devoir et avons confiance en notre peuple qui saura distinguer le bon grain de l’ivraie. Avec cette loi d’immunisation, ils veulent exclure la volonté du peuple, parce que les élections lui permettent d’élire ses représentants ».