Les 3+3 de Moncef Marzouki
«Un Etat religieux est la pire des dictatures», «la loi sur l’exclusion arrive bien tard et n’a plus de raison d’être», «les élections présidentielles et législatives doivent se tenir avant la fin d’année et les municipales en mars prochain au plus tard : autant de positions affirmées par le président de la République provisoire, Moncef Marzouki. Dans un genre télévisuel jusque-là inédit, contesté par nombre de journalistes, il répondait, samedi soir, en access-prime-time, aux questions du Pr Yadh Ben Achour, ancien président de la Haute instance de la réalisation des objectifs de la révolution, dans ce qui a été présenté comme «un débat» (Mounadhara).
La propreté et l’enlèvement des ordures viennent en toute première position des trois préoccupations principales du président de la République provisoire Moncef Marzouki . Il annonce d’ailleurs son intention d’inviter bientôt des éboueurs au Palais de Carthage pour leur rendre hommage, rééditant ainsi le geste de Giscard d’Estaing à l’Elysée. Les deux autres préoccupations concernent l’amélioration de la qualité des services dans tous les domaines, notamment le transport et la santé, ce qui pourrait constituer un gisement pour la création d’emplois, et la finalisation de la constitution et l’édification d’un état moderne.
Invité à se prononcer sur le projet de la constitution, le président de la République provisoire a indiqué qu’il l’a examiné sous trois angles spécifiques à savoir les droits et libertés, le régime politique et l’identité. Pour les droits, il estime qu’ils doivent s’étendre aux droits économiques et sociaux. Quant aux libertés, elles ne sauraient être limitées par la fameuse restriction «conformément aux dispositions de la loi ». De son côté, le régime politique doit être surtout équilibré entre parlementarisme et régime présidentiel avec des attributions mieux réparties. Pour ce qui est de l’identité, Marzouki indique qu’il ne s’agit pas de confirmer un ancrage historique mais surtout de s’ouvrir sur l’avenir, s’opposant à un état islamique. «L’Etat religieux, affirme-t-il, est la pire des dictatures». Une note récapitulant ses commentaires sera adressée début de semaine à la présidence de l’Assemblée nationale constituante.
Le président de la République provisoire a pressé à cette occasion l’Assemblée à finaliser la Constitution et œuvrer pour la tenue des élections avant la fin de l’année, «tant l’état du pays ne peut plus endurer davantage».