Qui est l'architecte du mausolée de Sidi Mehrez ?
« Sultan El Medina », jurisconsulte et saint patron de Tunis et protecteur de la communauté israélite, Sidi Mehrez (Cadhi Abou Mohamed Mehrez, 950-1022) a été honoré à titre posthume sur le lieu même de sa maison familiale à Bab Souika, avec la construction d'un mausolée devenu très fréquenté. Mais c’est sous le règne de Sadok Bey (1859-1882) que le monument a acquis ses volume et espace actuels, diverses recherches historiques prêtant à de nombreux architectes du XVIème siècle les plans originels.
Tout récemment, le sujet est revenu sur le tapis et on avance le nom d’Augustin-Charles d'Aviler (1653-1701). Dans un ouvrage qui lui est dédié (*), on apprend en effet qu’il avait obtenu une bourse d'étude à l'Académie de France à Rome, mais son navire est pris d'assaut par les corsaires turcs qui le retiendront prisonnier pendant dix-huit mois, à Alger puis à Tunis. « Certains lui ont même attribué, selon l’auteur, la construction de la mosquée Sidi Mahrez à Tunis, réalisée alors qu'il se trouvait dans cette ville : il s'agit d'une construction imposante qui se place dans la tradition ottomane la plus pure avec sa coupole de 29 mètres, contrebutée par quatre demi-coupoles. Toutefois, cette paternité n'est guère recevable, car d'Aviler est encore un étudiant de 21 ans et, de plus, un Français de cette époque ne pouvait rien comprendre à l'Orient turc et à sa maîtrise de l'espace. Même un grand architecte comme Blondel qui se rendit à Istanbul ne vit pas les qualités de l'art ottoman. On peut penser que d'Aviler fut seulement sollicité pour réaliser des effets décoratifs ne touchant en rien à l'architecture, ce qui peut expliquer la longueur de son séjour à Tunis».
Pour l’histoire, Aviler est devenu célèbre et a été désigné architecte des États de Languedoc, recevant de nombreuses commandes, dont la plus connue est l'arc de triomphe du Peyrou
(*) Verdier (T.), Augustin-Charles d'Aviler, architecte du roi en Languedoc, 1653-1701, Les Presses du Languedoc