News - 07.07.2013

Me Mansour Cheffi: un bâtonnier d'exception

En cinquante ans de barreau, dont neuf ans en tant que bâtonnier, Me Mansour Cheffi aura laissé des empreintes indélébiles avant de prendre sa retraite. L’hommage que lui ont rendu le 14 juin dernier ses confrères a été une célébration des combats continus menés en faveur de la profession, mais surtout contre la dictature et pour les libertés. Unique bâtonnier reconduit pour trois mandats successifs (1983 – 1992), après avoir succédé à un grand ténor du barreau, Me Lazhar Karoui Chebbi, il aura assumé un rôle de premier plan  dans l’ensemble de la société civile militante, dans une période charnière de l’histoire récente de la Tunisie.

Pour lui témoigner de toute leur considération, ses confrères, mais aussi nombre de militants dont il avait assuré la défense devant la Cour de sûreté de l’Etat et autres instances, dans des procès politiques historiques, ont tenu à assister à la cérémonie d’hommage. Un geste bien significatif.

Mansour Cheffi, issu d’une famille kerkenienne connue pour sa probité et son sens des valeurs, est né le 30 octobre 1936. Après ses études primaires et secondaires à Sfax, il rejoindra successivement la Zitouna à Tunis puis l’Ecole supérieure de droit. Admis au Certificat d’aptitude à la profession d’avocat, il commencera dès 1961 son stage auprès de Me Raoul Darmon. Le pied mis à l’étrier à bonne école, il se lancera dans la défense de la veuve et de l’orphelin, avant de découvrir les grandes causes politiques. Ouvrant son propre cabinet en 1969, en pleine crise qui a suivi le mouvement coopératif, il se trouvera plongé dans les grands procès. Depuis lors, il sera de tous les combats, en soutien à tous les militants. Ahmed Néjib Chebbi, Hamma Hammami et autres Mohamed Kilani seront les premiers à bénéficier de sa défense.

Mansour Cheffi s’illustrera particulièrement dans la défense des syndicalistes, Habib Achour en tête, après les évènements de janvier 1978, et on se rappelle encore  ses plaidoiries remarquables, sachant dénoncer l’arbitraire et rappeler la loi. Sans compromis, ni concession, avec compétence et abnégation, il montera toujours au créneau. Rejoignant le conseil de l’Ordre des avocats, il sera élu à sa présidence en 1983, apportant une contribution substantielle au renforcement de son action. Ferraillant sans relâche avec le système Bourguiba puis celui de Ben Ali, il saura en obtenir le maximum sans concéder le minimum. Acteur actif dans les grands procès, souvent sollicité en médiation lors des successives crises syndicales et  politiques qui ont émaillé toutes ces dernières années, il a su forcer le respect de tous. A l’étranger aussi.

Mansour Cheffi a en effet capitalisé sur les relations nouées avec les autres barreaux occidentaux et arabes, participant activement aux différentes instances et jouant un rôle particulièrement remarquable au sein de l’Union des avocats arabes dont les réunions ont toujours été tumultueuses.

Aujourd’hui, en raccrochant la robe qu’il avait fièrement endossée un demi-siècle durant, il garde des souvenirs inoubliables et des amitiés indéfectibles. Foued Mebazaa, Ahmed Mestiri, Lazhar Karoui Chebbi, Abdelfettah Mourou, Abdeljelil Bouraoui, Béchir Khantouch, Elyès Gargouri, Béchir Essid et autres Abdessettar Ben Moussa étaient en tête de ses confrères qui, répondant à l’invitation du bâtonnier Chawki Tebib, ont tenu à le lui exprimer.

T.A.




 

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