News - 05.07.2013

Ce que les chefs d'entreprise français ont demandé à la Tunisie

Loin des cérémonies protocolaires fortement médiatisées de la visite du président François Hollande à Tunis, la rencontre entre les chefs d’entreprise qui l’accompagnent avec des membres du gouvernement est  un temps fort et concret de ce déplacement. Les questions précises posées révèlent le contenu effectif du « business » escompté et des déblocages demandés. Ils étaient une trentaine de chefs d’entreprises à se rendre jeudi après-midi au palais du Gouvernement à la Kasbah, au moment même où François Hollande s’y entretenait avec Ali Laarayedh. Installés dans la salle du conseil des ministres, ils étaient reçus par Ridha Saidi, ministre auprès du chef du Gouvernement, chargé du dossier économique, Elyès Fakhfak, ministre des Finances, Riadh Bettaieb et Slim Besbès, conseillers économiques auprès du chef du Gouvernement, pour un débat très franc.

Premier à prendre la parole, Denis Simonneau, de GDF Suez demandera quelle est la volonté de la Tunisie de développer le partenariat public-privé (PPP) et agir aussi vite que possible. Saidi indiquera que le projet de loi y afférant est soumis actuellement à l’Assemblée nationale constituante et fait partie des 10 projets prioritaires, parmi les 70 en cours d’examen. « Nous avons hâte à le voir adopté, ajoutera-t-il, d’autant plus que nous avons une série de grands projets à lancer le plus rapidement possible comme ceux de la plateforme logistique du port de Radès, de la géomatique ou du cartable scolaire ».

Business as usual

Le président de Gras Savoy, Patrick Lucas, plaidera pour sa part en faveur du développement du marché des assurances en y introduisant les réformes nécessaires et lui apportant le soutien requis. Elyès Fakhfakh acquiescera, profitant de l’occasion pour demander à son conseiller Khelil Labidi de présenter les grandes lignes du nouveau code des investissements, stipulant notamment la création d’un interlocuteur unique, l’Instance nationale de l’Investissement.

Le directeur international d’Alsthom, Philippe Delleur, a voulu savoir quels choix de mix-énergétique fait la Tunisie pour l’avenir. Saidi indiquera que le nucléaire et le charbon sont exclus, que le gaz sera la principale source et qu’à l’horizon 2030, le mix sera à 30% en énergies renouvelables.

Le vice-président pour les affaires publiques à l’international de Sanofi, Hugues Lebeau évoquera trois points significatifs à savoir la volonté de sa compagnie d’exporter à partir de ses unités de production en Tunisie et d’accompagner, en PPP, des programmes de santé comme ceux relatifs au cancer ou au diabète et de voir le système des prix pratiqués par la Pharmacie centrale, révisé. Il n’a d’ailleurs pas manqué de signaler à cette occasion que 80% des médicaments de son laboratoire prodigués aux patients tunisiens sont fabriqués en Tunisie. Riadh Bettaieb a prêté une oreille très attentive à ces questions, promettant d’y apporter les réponses appropriées.

Pour ce qui est du Tourisme, Jean-Jacques Dessors, directeur général Afrique-Moyen Orient du groupe Accor a demandé d’une part comment la Tunisie compte changer le modèle du marché touristique axé sur le balnéaire avec un mode de distribution hyper-packagé et d’autre part si l’ouverture du ciel sera accélérée. Rompu à ses questions depuis son passage à la tête du ministère du Tourisme, Elyès Fakhfakh répondra qu’il s’agit tout-à-la fois de mettre à niveau le tourisme balnéaire pour ne pas le sacrifier et de diversifier les autres segments. Quant à l’open-sky, l’engagement d’ouverture sera respecté selon un calendrier qui n’impacte pas beaucoup le paysage actuel  et doit s’accomplir sur les 2 à 3 prochaines années.

Les entretiens se sont poursuivis en aparté dans la fin de la réunion, plusieurs chefs d’entreprise étaient ravis de discuter directement avec des membres du gouvernement pour les sonder sur les perspectives dans le pays, voire poser des questions plus directes les concernant. « Au moins, là c’est du concret, déclarera à Leaders, un participant. Nous avons la bonne réponse, puisée à la bonne source. Même, si tout n’est pas encore suffisamment clair, mais nous avons au moins une bonne idée de la tendance générale et ça nous renseigne bien sur la situation. Nous savons que nous devons patienter davantage, mais nous essayons de deviner combien encore!".
 

Composition de la délégation du MEDEF