Hamed Karoui réussira-t-il à rassembler les destouriens ?
Pour qui roule M. Hamed Karoui ? Son initiative de «rassembler les destouriens» qu'il a lancée dimanche ne pouvait pas ne pas susciter des interrogations surtout du côté de Nidaa Tounès dont l’un des objectifs avoués recoupe celui de l’ancien premier ministre. Certains, se référant aux commentaires «bienveillants» de l’organe d’Ennahdha sur ce projet n’ont pas hésité à le qualifier «de missile tiré à partir de Montplaisir pour détruire le parti de Béji Caïd Essebsi». Même s’il qualifie «si Béji» de compagnon de lutte et reconnaît à son parti quelque mérite, le Dr Karoui avoue ne pas se retrouver dans Nidaa Tounès auquel il avait reproché dans une rinterview à Shemsfm de traiter les destouriens qui l’ont rejoint en militants de seconde zone. Et de s’interroger: comment interpréter autrement les injonctions qui leur sont faites de se faire tout petits et leur mise à l’écart des postes de responsabilité ?»
Lors du meeting de dimanche, il est allé plus loin en renvoyant dos à dos Ennahdha et Nidaa Tounès : «Nous sommes à la fois contre la bipolarisation de la vie politique et contre l’émergence d’un parti dominant qu’il s’appelle Ennahdha ou Nidaa Tounès», tout en se défendant d’être hostile à l’un ou à l’autre. Il entend se positionner au centre à égale distance des deux grands partis. Ceci ne l'empêche pas de critiquer la gestion de la troika, son projet de loi relatif à l'immunisation de la révolution pris sous la pression «de petites formations formations qui n'ont réussi à remporter des sièges à l'Assemblée que parce qu'elles ont bénéficié du système des plus grands restes». «Au fond, a-t-il ironisé, quelles sont leurs réalisations pour qu'ils éprouvent le besoin de les immuniser». . Par contre, il s'est prononcé pour la justice transitionnelle. Il a également émis des «doutes» sur la possibilité d'organiser «des élections transparentes» dans le climat actuel marqué par les violences et les menaces des LPR.
L'ancien premier ministre s'est présenté comme le rassembleur des destouriens, éparpillés, en mal de repères depuis la révolution et se fait fort «de leur redonner confiance en l'avenir», d'autant plus que, selon lui, ils n'ont pas à rougir de leur bilan. Dans une récente interview, il avait cité l'exemple du secteur du transport : nous leur avons offert un grand paquebot, des rames de métro et en contrepartie, nous avons «les Toc Toc».
Le Dr Karoui veut insuffler un sang nouveau au mouvement destourien pour qu'il reste toujours «Néo» pour reprendre une formule de Bourguiba. Il a du pain sur la planche. Lors du meeting de dimanche, les premières rangées étaient en majorité occupées par la vieille garde.