Tout sur le plan tunisien anti-contrebande
«A lui seul, aucun corps ne peut faire face efficacement, juste avec ses propres moyens, à la contrebande. Contre des bandes criminelles puissantes, il faut opposer des moyens exceptionnels, dans le cadre d’une stratégie d’ensemble, associant en parfaite synergie toutes les parties concernées : Douanes, Garde nationale, Police, Armée nationale, services du ministère du Commerce et autres. Le gouvernement y accorde une attention de première importance et l’action est lancée». C’est ce qu’affirme à Leaders le directeur général des Douanes, Mohamed Meddeb.
«A notre niveau, poursuit-il, un nouveau dispositif a été mis en place, portant notamment sur le renforcement en moyens de transport, équipements et surveillance électronique, réhabilitation des locaux, notamment dans les postes frontaliers, amélioration des conditions de travail et de la situation des personnels, perfectionnement de la formation dans nos institutions spécialisées et ancrage des procédures. C’est ainsi que nous avons procédé à l’acquisition de quatre vedettes rapides de 22 m, 88 véhicules tout-terrain 4x4 et des stations de surveillance électronique installées dans des endroits sensibles tels que le port de La Goulette, l’aéroport de Tunis-Carthage et Ras Jedir. Directement reliées à la salle d’opération centrale, elles permettent de suivre en direct ce qui s’y passe et de débusquer le moindre dépassement». «A Ras Jedir, ajoute le directeur général des Douanes, nous avons lancé tout un programme de réhabilitation des locaux, espaces et équipements, en aménageant les couloirs de passage et les bureaux, mission confiée au Génie militaire, eu égard à la particularité du site. Aussi, nous avons procédé à la remise en marche du scanner, qui sera d’une grande utilité. Nous ferons d’ailleurs de même pour ce qui est du poste de Dhiba, sur les mêmes frontières. Avec nos homologues libyens, nous œuvrons pour la reprise des opérations communes, en associant les douaniers des deux pays aux contrôles en même temps des passagers et véhicules, ce qui épargnera du temps aux voyageurs et renforcera les inspections, comme cela était le cas il y a quelques années. Nous avons multiplié les rencontres ces derniers temps et nous nous sommes promis de nous revoir début juillet pour faire avancer notre coopération ».
Le directeur général des Douanes insiste beaucoup cependant sur le capital humain au sein des équipes. «Le corps des Douanes avait été mis, ces derniers temps, à rude épreuve, souligne-t-il. Les prédateurs de l’ancien régime ont exercé de fortes pressions pour faire de nos frontières des passoires, bafouer tout règlement et sévir contre toute résistance d’honnêtes douaniers, attachés au sens de l’Etat, multipliant les tentatives d’asservissement et de compromission. Fortement ébranlé au lendemain de la révolution, le corps douanier commence à se relever, faisant preuve de beaucoup de courage, d’abnégation et de patriotisme. Nous le voyons chaque jour, lorsque des douaniers, au risque de leur vie, n’hésitent guère à affronter trafiquants et contrebandiers et à les pourchasser. Il ne se passe pas une semaine sans que nous enregistrions des blessés dans nos rangs, parfois graves, voire des attaques contre nos postes, mais le moral et le courage des 6500 agents sont remarquables. Nous devons galvaniser les énergies, récompenser ceux qui le méritent, perfectionner les qualifications, promouvoir les compétences et accorder davantage d’attention à toutes les catégories de ce corps».
Le hit-parade
Curieusement, ce sont les vêtements et chaussures usagés qui étaient classés en première position dans le tableau des marchandises saisies durant l’année 2012, avec 413 661 pièces d’une valeur de 5.220 790 MD, sur un total de 47 950 710MD. Ils sont suivis des tabacs et maassel (376 313 cartouches, d’un poids total de 8655 kg et d’une valeur de 2 980 000 MD). Viennent ensuite les bananes et pommes importées (524 399 kg, 1 620 000 MD), les produits alimentaires d’origine tunisienne à l’export illégal dont 52 millions d’œufs (1 071 806 MD au total) et le fer pour bâtiment (62 720 barres, 11 928 687 kg, 1 036 781 MD). Les liqueurs auront totalisé 18 858 bouteilles pour une valeur de 581 648 MD.
Les indicateurs ne sont pas les mêmes durant les cinq premiers mois de l’année en cours. En tête du hit-parade 2013, les liqueurs, qui ont doublé en quantité et valeur, avec 38 610 bouteilles et 7 322 234 MD, talonnées par les tabacs et maassel
(125 327 cartouches, mais 12 697 kg, 4.631 496 MD), et les hydrocarbures (2 890 271 millions de litres, 4 606 725 MD).
Quant aux armes à feu, pas moins de 311 pièces ont été saisies en 2012, chiffre qui s’est multiplié plus de cinq fois en cinq mois, rien que de janvier à fin mai 2013, pour atteindre 1695 pièces. «Il s’agit essentiellement de fusils de chasse, nous expliquent les Douanes tunisiennes. Mais, certaines autres pièces, et c’est rare, sont des armes de défense, voire militaires. Des ressortissants d’un pays voisin surpris avec des armes prohibées déclarent souvent qu’ils ont pris l’habitude de les garder sur eux pour se défendre, oubliant de les laisser chez eux avant d’arriver en Tunisie».