La Tunisie et les évènements d'Egypte: en finir avec le donquichottisme
48 ans après la grave crise entre la Tunisie et l’Egypte, suite au fameux discours d’Ariha de Bourguiba, les relations entre la Tunisie et l’Egypte traversent, de nouveau, une mauvaise passe depuis la destitution, il y a une dizaine de jours de l’islamiste Mohamed Morsy. « L’immixtion » de l’armée dans la vie politique égyptienne a été mal accueillie dans les cercles dirigeants tunisiens comme l’illustrent les communiqués des présidences de la république et du gouvernement et surtout ceux d’Ennahdha qui ne s’est pas embarrassée de circonlocutions pour dénoncer « le coup de force contre la légitimité ». Ceci sans oublier les déclarations incendiaires des dirigeants nahdhaouis qui ont appelé à un soulèvement contre « la soldatesque ». Si l’on peut (à la rigueur) comprendre les réactions d’Ennahdha, du fait de sa forte proximité idéologique avec les frères musulmans d’Egypte, on peut regretter, celles des deux présidences dont certains passages sont rédigés en termes très peu diplomatiques et qui jurent en tout cas avec le style tout en en nuances de la diplomatie tunisienne traditionnelle.
Tout se passe comme si nos dirigeants avaient du mal à se débarrasser de leur ancien statut d’opposants ou de militants des droits de l’homme. Avec la Syrie, on leur avait trouvé des excuses, mettant leur intempérance sur le compte de l’inexpérience. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. A force de jouer les Don Quichotte, de se sentir responsables de toutes les atteintes aux libertés dans le monde en distribuant des satisfecits aux uns et des blâmes aux autres, quitte à se couvrir de ridicule, (je pense à l’expérience nucléaire effectuée par la Corée du nord, vivement dénoncée par Moncef Marzouki), on risque de se mettre à dos les trois quarts de l’humanité. Sans pour autant faire avancer, ne serait-ce que d’un iota, les causes que nous prétendons défendre.
Hédi