Ali Laarayedh met fin au sit-in à la Kasbah d'anciens détenus islamistes
La décision n’était pas facile à prendre, mais le chef du Gouvernement, Ali Laarayedh n’a pas fuit ses responsabilités. Les préavis et avertissements n’ayant servi à rien, instructions ont été données aux forces de l’ordre de mettre fin au sit-in Assomoud, des anciens détenus politiques pour la plupart issus d’Ennhadha, à l’angle de la Kasbah et de l’Hôpital Aziza Othmana. Depuis 181 jours, des militants islamistes victimes de la répression s’y sont installés pour attirer l’attention du gouvernement sur leur sort et solliciter une indemnisation rapide ainsi que la régularisation de leur situation professionnelles.
Beaucoup de dirigeants politiques, Rached Ghannouchi en tête, leur ont rendu visite et témoigné de leur solidarité et d’autres ont vainement essayé de les convaincre de mettre fin à leur action. Parfois le ton monte, à la vue d’un ministre ou d'un hôte étranger et l’atmosphère se tend. Jusqu’à la nuit du 15 au 16 juillet 2013, lorsque les forces de l’ordre ont procédé à la levée du sit-in ce qui a déclenché une vague de protestations au sein d’Ennahdha. Certains sont allés jusqu’à "dénoncer cette décision émanant d’un dirigeant du parti hissé à la présidence du gouvernement", l’accusant de "se détourner de la cause de ses compagnons de lutte contre la dictature". Sur les réseaux sociaux, les critiques sont acerbes, dans les pages proches des islamistes.
Le président du Majlis Echoura, Fathi Ayadi a regretté « qu’au lieu de rendre hommage à ces militants dans un geste de reconsidération, ils ont fait l’objet d’un traitement sécuritaire empressé qui ne suscite qu’indignation et dénonciation».
Dans un communiqué de presse publié mardi, les services de la présidence du Gouvernement ont apporté des précisions utiles sur les conditions de la levée du sit-in. « Après en avoir avisé le parquet, y lit-on, les autorités concernées ont exercé leur devoir dans l’application de la loi, les sit-inneurs ayant refusé de mettre fin à leur action ou d’entreprendre les démarches nécessaires afin d’obtenir une autorisation à cet effet. Pourtant, nombre de préavis leurs ont été adressés et des délais supplémentaires accordés. Certains parmi eux se sont employés à gêner les arrivants au siège du Gouvernement et les partants ». La phrase clef tombe comme un couperet : « Il est du devoir de l’Etat de faire appliquer la loi à tous sans exception et loin de tous calculs ». On y reconnait l’empreinte d’Ali Laarayedh n’hésitant pas à adresser ainsi un message direct aux membres de son propre parti.
Le reste du communiqué rappelle les initiatives prises par le gouvernement en faveur des bénéficiaires de l’amnistie générale, tant au niveau de la réinsertion professionnelle des agents de la Fonction publique et la reconstitution de carrière que par l’octroi d’aides sociales pour les cas urgents et la possibilité d’accès aux soins de santé.