Moalla, Essebsi et Karoui à Marzouki : « Urgent: à vous de jouer ! »
Sans se concerter au préalable, ils ont tous pressé, chacun de son côté, le président de la République provisoire de prendre les « mesures audacieuses » qu’impose l’urgence et la gravité exceptionnelle de la situation dans le pays. Se succédant lundi au bureau de Moncef Marzouki, Mansour Moalla, Béji Caïd Essebsi et Hamed Karoui, l’air grave, n’ont pas gardé leur langue dans la poche. Moalla a souligné que la dégradation totale de la situation économique, sociale, diplomatique et politique impose au président de la République en tant que président de tous les Tunisiens de formuler une proposition d’ensemble à soumettre aux différents partis et forces économiques et sociales. Il se doit de la mettre le plus rapidement possible en concertation et de réunir en sa faveur le plus large consensus.
A ses yeux, l’urgence est telle que cette initiative doit se réaliser dans les heures qui suivent sans d’attendre la fin du ramadhan et le long congé de l’Aïd. Il rejoint à ce propos la position de l’UTICA exprimée à Carthage par Ouided Bouchammaoui qui a lancé à cette occasion un véritable cri d’alarme quant à l’impérative réanimation de l’économie agonisante.
Il les a écoutés, mais les a-t-il entendus?
Béji Caïd Essebsi a indiqué à Marzouki qu’il est appelé à jouer un rôle primordial dans lle rapprochement des points de vue des différents protagonistes, soulignant que « le temps presse et que la situation actuelle ne peut perdurer». L’ancien premier ministre qui a géré la première phase de la transition menant aux élections du 23 octobre n’a pas omis de mentionner l’entêtement de certains partis au pouvoir, visant sans doute Ennahdha, à camper sur des positions non-consensuelles, retardant le dénouement de la crise.
Quant à Hamed Karoui, il a plaidé « au nom de la famille destourienne » en faveur d’une large réconciliation nationale, rappelant qu’aucune partie n’est capable aujourd’hui de gouverner seule. En vieux routier de la politique, l’ancien premier ministre s’est déclaré convaincu que tous les protagonistes politiques peuvent faire preuve de solidarité pour sauver la Tunisie. L’occasion pour lui d’affirmer que le mouvement destourien est bien disposé à y contribuer.
Marzouki qui doit poursuivre ses consultations a certes fait preuve face à ses différents visiteurs d’écoute, mais il ne semble pas pressé d’agir, reportant à la semaine prochaine la prise de toute initiative. Espère-t-il que d’ici là le temps fasse son œuvre ? Mais à double sens aussi. L’aggravation de la situation, déjà ensanglantée et dramatique, n’est pas exempte de nouveaux hauts risques. Les sages qu’il a consultés le lui ont pourtant bien souligné.