News - 13.08.2013
Historique mobilisation féminine au Bardo; la pression de l'opposition s'intensifie
En une semaine, le Front du salut aura réussi à deux reprises à mobiliser des dizaines de milliers de Tunisiens. La première fois, c’était le 6 aout à l’occasion du sixième mois de l’assassinat de Chokri Belaïd et la seconde, ce mardi 13 aout 2013 pour célébrer le 57e anniversaire du Code du Statut personnel. Dans les deux cas, les manifestations ont tourné au procès contre le pouvoir. Il est un fait qu’il existe aujourd’hui une crise de confiance entre de larges franges de la population et la troika, essentiellement, Ennahdha qu’il s’agisse de l’attentat contre Belaïd ou des acquis de la femme. Dans le premier cas, le ministère de l’intérieur est soupçonné de cacher la vérité aux Tunisiens, alors que dans le deuxième, les Tunisiennes ont de bonnes raisons de s’inquiéter des intentions du parti islamiste dont certains dirigeants et non des moindres ne ratent jamais une occasion pour critiquer certaines des dispositions du CSP, comme la polygamie ou l’adoption. Dès lors, il ne faut pas s'étonner que la célébration de la fête de la Femme cette année ait connu pareille mobilisation. Plus de 100 000 participants (selon les organisateurs) ont pris d’assaut la grand' place du Bardo en face du siège de l’Assemblée nationale constituante et lieu du sit-in depuis le 25 juillet (jour de l’assassinat de Mohamed Brahmi).
A l’appel de nombreuses formations politiques et associations de l'opposition, ils ont commencé leur défilé vers 18H, à Bab Saadoun pour remonter l’avenue 20 Mars conduisant au centre du Bardo où des foules massives venues d’autres artères étaient à leur accueil. Drapeaux déployés, banderoles hissées et slogans fusant de partout, les manifestants avec une grande proportions de femmes de tous âges criaient leurs protestations contre les menaces qui risquent de s’exercer sur leurs droits acquis et revendiquaient la dissolution du gouvernement et de l’ANC.
Parallèlement à cette mobilisation féminine historique et de la société civile en tête des partis politiques de l’opposition au Bardo, Ennahdha a célébré de son côté la fête de la Femme au centre –ville sur l’avenue Bourguiba, sans pour autant mobiliser fortement toutes ses troupes. La pression du camp démocrate sur la troïka au pouvoir se trouve ainsi renforcée après la grande manifestation qui a marqué le 6 août dernier la commémoration du sixième mois de l’assassinat de Chokri Belaïd.
Alors que la rue tunisienne pèse de tout son poids pour amener la troïka vers au moins la dissolution du gouvernement et le recentrage de la mission de l’ANC et la limitation de la durée de ses travaux, Ennahdha multiplie les contact avec l’UGTT, l’UTICA et des formations politiques à la négociation d’une formule de sortie de crise.