Moalla propose à Ben Jaafar un plan très clair de sortie de crise
Création d’un haut comité formé de 18 personnes à raison de 6 représentants des partis au pouvoir et de l’opposition (6) ainsi que de la société civile (6), formation d’un gouvernement de personnalités indépendantes et finalisation des travaux de l’Assemblée nationale constituante avant le 23 octobre prochain : tel est le plan de sortie de crise proposé par Mansour Moalla. Consulté jeudi matin au Bardo par le président de l’ANC Mustapha Ben Jaafar, l’ancien ministre du Plan et des Finances, sous Bourguiba, a indiqué qu’il est «grand temps d'arrêter toute cette escalade de déclarations pour réaliser immédiatement un consensus sur l’essentiel afin de réussir cette ultime phase de la transition. Sans chercher à se jeter à la face les accusations et à s’entêter à accabler le gouvernement, il convient selon lui de se prononcer en faveur d’une nouvelle équipe à même de conduire l’étape à venir».
A la base de l’architecture proposée par M. Moalla, un haut comité regroupant à parité les représentants des partis et de la société civile, avec une présidence rotative confiée successivement tous les deux mois à un représentant de l’un des trois groupes. Ce comité désignera un chef de gouvernement qui sera appelé à former un cabinet restreint de 12 à 15 membres. Pour garantir la cohérence de l’équipe, chaque groupe proposera au chef du gouvernement des noms de personnes indépendantes et compétentes en lui laissant l’entière liberté de choisir parmi elles celles avec lesquelles il se sentira le plus à l’aise. Deuxième mission, examiner les différents points de discorde au sujet de la constitution et aboutir aux consensus nécessaires pour pouvoir la finaliser, élaborer le projet de loi électorale ainsi que la feuille de route détaillée précisant les dates effectives et les soumettre à l’adoption de l’ANC.
Une cheville ouvrière et une garantie de consensus
Selon Mansour Moalla, ce haut comité qui sera en fait l’instance politique essentielle et la véritable cheville ouvrière de cette phase cruciale aura à œuvrer pour stabiliser la situation dans le pays, la restauration d’un climat de sécurité et de confiance, l’élaboration d’une stratégie de lutte contre le terrorisme et de renforcement des institutions militaire et sécuritaire.
Pour ce qui est du gouvernement, Mansour Moalla estime que naturellement, au bout de deux ans, au lendemain du déclenchement d’une révolution, un gouvernement de partis finit rapidement par épuiser son capital de confiance auprès de la classe politique. Aussi, les impératifs de l’organisation d’élections libres, transparentes et équitables dans les conditions les plus appropriées exigent-ils la formation de personnalités compétentes et indépendantes. Son rôle essentiel est d'assurer la sécurité et le traitement de toutes les questions urgentes et prioritaires, à tous les niveaux économiques et sociaux, en prenant les décisions qui s’imposent et en veillant scrupuleusement au succès des élections.
Attentif à cette architecture, le président de l’ANC Mustapha Ben Jaafar n’a pas caché son intérêt pour la proposition de Moalla, d’autant plus qu’elle a été consignée dans une note succincte et très claire.
Reste à savoir cependant quelles sont les réelles chances d'une pareille configuration. Alors que Moalla en débattait au Bardo avec Ben Jaafar, le chef d’Ennahdha Rached Ghannouchi persistait à rejeter l’option d’un gouvernement indépendant, même s’il retenait l’idée d’un haut comité mais avec une autre composition.