News - 15.08.2013

Quand Ennahdha tire (les mauvais) enseignements de la crise égyptienne

Le Conseil de la Choura d’Ennahdha devra se réunir au cours de ce weekend.  Il aura fallu les évènements d’Egypte pour que cette instance, considérée comme le véritable centre de pouvoir en Tunisie, sorte de son état  de torpeur (le conseil ne s’est pas réuni depuis les 29 et 30 juin). Une torpeur que ni l’assassinat de Brahmi, ni les évènements qui s’ensuivirent (notamment le sit in du Bardo, le boycott des travaux de l’ANC par une soixantaine de constituants et  la suspension des travaux de l’Assemblée), ne sont venus interrompre.


Il est vrai que la crise égyptienne est perçue par Ennahdha comme  une affaire de politique intérieure. C’est que la confrérie des frères musulmans d’Egypte est considérée  comme la matrice des mouvements islamistes et notamment Ennahdha.  La victoire de Morsi aux présidentielles, il y a un an, a été saluée comme une consécration pour l’islamisme dans le monde arabe, sa destitution, le 3 juillet dernier, vécue comme un drame. Paradoxalement, la levée des sit in de Rabaa et d’Ennahdha  au Caire avec son cortège de morts a revigoré nos islamistes, ce qui explique leur raidissement si l’on se réfère aux propos incendiaires des dirigeants d’Ennahdha depuis deux jours. Car ils voient dans ces évènements une confirmation des craintes qu’ils ont toujours nourries à l’adresse « des modernistes et des laïques ».

D’où cette escalade verbale visant à la fois l’opposition et certains modérés islamistes comme Hamadi Jebali. Les sit inneurs du Bardo, n’ont qu’à bien se tenir. Ils doivent s’estimer heureux de ne pas connaître le même sort que ceux du Caire. Sur les plateaux de télévision et dans les studios de radio, les ultras du mouvement se lâchent. Ils s’en prennent à « l’extrême-gauche nihiliste » accusée « d’avoir pactisé avec Ben Ali pour réprimer les islamistes »!  Il n’est plus question de concessions douloureuses, de consensus, mais de lignes  rouges. C’est à prendre ou à laisser. On ressort du tiroir la loi d'immunisation de la révolution. Dans ces conditions, le succès de la médiation de l’UGTT paraît hautement improbable. D’ailleurs, le fait que la rencontre entre Rached Ghannouchi  et Houssine Abbassi prévue pour ce jeudi ait été reportée après la réunion de la choura alors qu’il y avait urgence est très significatif. Comme ce conseil n’est pas composé de gens qui ne se sont pas distingués jusqu’ici  par leur modération, on peut compter sur eux pour nous « sortir»  un communiqué trempé au vitriol. Ghannouchi pourra alors en tirer argument pour refuser les propositions du front du salut. Le pire est peut-être à venir.

Hédi
 

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