Jacques Vergès tire sa révérence
Me Jacques Vergès est décédé jeudi soir à l’âge de 88 ans. Ténor du barreau parisien, Il avait compté parmi ses clients, Jamila Bouhired, la grande militante algérienne qui deviendra sa femme, le fameux Carlos, des membres d’Action Directe, un mouvement français d’extrême-gauche des années 70 et 80, mais aussi Klaus Barbie, le tortionnaire nazi, le « boucher des Balkans », le Serbe Milosevic et les Khmers rouges. « C’était un aventurier au sens noble du terme », dira de lui, l’un de ses confrères, Me Kiejman en apprenant sa disparition. C'était aussi un non conformiste, un incompris, un provocateur qui ne laissait pas indifférent, comptant autant d’admirateurs que de contempteurs. Il avait surtout une certaine idée de son métier. Il n’y a pas « d’inculpé indéfendable », aimait-il à dire.
Dans sa biographie, il y a un « trou » de dix ans (1970-1980). Où était-il passé pendant ce temps-là ? Chez Pol Pot ? En Afrique noire ? En Chine ? La question lui avait été souvent posée. Et à chaque fois, il se contentait d'un sourire énigmatique en guise de réponse, entretenant le mystère. C’était son jardin secret. Il l'emportera avec lui dans sa tombe. Il fera sans doute davantage parler de lui après sa mort que de son vivant.