Jalloul Ayed: «L'économique et le social restent les grands oubliés du gouvernement»

Surréaliste ! En pleine crise politique qui secoue la Tunisie, sur fond de confrontations armées avec des terroristes, peut-on parler économie et esquisser les solutions nécessaires à sa relance ? C’est pourtant ce pari qu’a tenté de gagner non sans succès relatif le dynamique Club Finance de l’ATUGE. Le dîner-débat organisé jeudi soir était déjà attractif par les « têtes d’affiche » annoncées : Elyès Jouini, Jalloul Ayed, Yassine Brahim, Moncef Cheikhrouhou,  Fadhel Abdelkéfi et autres Nooman Fehri.

Premier à lancer le débat, l’ancien ministre des Finances (sous Mohamed Ghannouchi, puis Béji Caïd Essebsi) Jalloul Ayed citera deux indicateurs suffisamment significatifs quant à la gravité de la situation économique. D’abord, le solde du compte courant de la balance commerciale qui est déficitaire de 8%, un niveau jamais atteint auparavant. Deuxième indicateur, une inflation rampante, officiellement de 6.5%, alors que son niveau réel serait bien supérieur à 10%. Quant au taux de croissance escompté pour 2013, il atteindrait au mieux 2.5%. De quoi donner de grands soucis, dans un pays qui a vu se succéder cinq gouvernements en deux ans et demi et l’économie reléguée au second plan.

Ayed citera de nombreux exemples comme la lourde charge de la caisse de compensation dont le montant qui est de 6 Milliards de dinars est quasiment égal à celui du budget d’investissement. Plus encore, le taux d’exécution de ce budget d’investissement se situe à moins de 40%, ce qui est loin de favoriser le lancement de grands chantiers à forte employabilité. Quant au dispositif de Partenariat Public-Privé, conçu comme levier pour la création d’emplois, il est réduit à sa plus juste expression. Au lieu de le confier à une grande cellule opérationnelle fournie en compétences multisectorielle, il est confiné dans un petit bureau des services de la Présidence du gouvernement.