Elyès Jouini: «Il faut demander au gouvernement ce qui n'a pas été fait »
"Si elle n’est pas désespérée, la situation économique en Tunisie est très grave", estime Elyès Jouini dans une intervention, jeudi, à la tribune du Club Finance de l’ATUGE à Tunis. « Les facteurs déclencheurs de la révolution, à savoir le social et l’économique n’ont pas la priorité aujourd’hui, le problème étant devenu essentiellement politique, a-t-il expliqué. Du coup, nous n’avons plus la main sur ces questions qui devaient être majeures". "Lorsque la Tunisie s’était adressée en mai 2011 au G8 en sommet à Deauville, rappelle-t-il, nous étions en situation d’investissement et avions alors obtenu de réels engagements. Aujourd’hui, nous nous endettons pour boucher les trous budgétaires. C’est dire combien nous avons réduit nos marges de manœuvre».
Jouini n’hésite pas à porter un jugement critique sur le « gouvernement légitime issu des urnes » : « Il a préféré privilégier sa clientèle, dit-il, reproduisant les schémas du passé. Ce que l’on peut lui reprocher, ce n’est pas ce qu’il a fait, mais ce qui n’a pas fait ». Mais, d’un autre côté, il interpelle l’opposition : « Nous devons nous interroger sur nos capacités à proposer des alternatives non seulement politiques, mais aussi et surtout économiques et sociales ». Dans cette démarche, il considère que se limiter à un discours économique et social serait loin des véritables attentes. La véritable question qui se pose est comment faire des investissements tout en ayant à l’esprit la justice sociale et la répartition équitable entre les régions les plus défavorisées.