Les dessous de l'entrevue Caïd Essebsi-Ghannouchi
La nouvelle a fait sensation. Annoncée au conditionnel par certains journaux puis démentie, la rencontre entre les leaders des deux principaux partis du pays, Nidaa Tounès et Ennahdha, Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi a bien eu lieu jeudi à Paris où se trouve BCE dans le cadre d’une tournée européenne. Le secret a été bien gardé, car on l’a su 24 heures plus tard.
C’est le premier contact en tête à tête entre les deux hommes et intervient près d'un mois après l’assassinat de Mohamed Brahmi, l’un des dirigeants les plus en vue du Front Populaire. Le mouvement Ennahdha a qualifié l’entrevue de « positive et franche », alors que du côté de Nidaa Tounès, on précise que la rencontre a eu lieu à la demande du leader d’Ennahdha et en accord avec le Front du Salut National. Selon un communiqué, BCE a rappelé à son interlocuteur les revendications du Front et en premier lieu, la formation d’un gouvernement de compétences et la démission du cabinet de Larayedh. Pour sa part, Ghannouchi a promis d’étudier ces propositions au cours de la réunion du Conseil de la choura du parti islamiste.
Inquiet par le rapprochement entre le F.P et Nidaa Tounès, Ennahdha courtise depuis quelque temps le parti de Béji Caïd Essebsi. Ce dernier, souvent diabolisé, par le passé par les journaux proches des islamistes est désormais présenté sous les traits d’un interlocuteur valable et responsable. On lui découvre même des qualités d’homme d’Etat, alors que son parti a cessé subitement d’être un "ramassis de résidus de l’ancien régime" et « de gauchistes opportunistes » pour devenir " un parti respectable du centre-gauche".