Egypte: le sort du nouveau régime tributaire du retour de la sécurité
Quelques heures après un discours « musclé » du nouvel homme fort du pays, le général Sissi, la police égyptienne a été frappée lundi à l’aube par une attaque à la roquette contre deux minibus qui transportaient des policiers qui a fait 25 morts. Cet attentat qui a eu lieu au nord sinaï près de Rafah est le plus meurtrier depuis des années. Depuis Moubarak, la péninsule est le théâtre d’attentats commis par des terroristes leur base arrière. L'attentat porte à 73 le nombre de membres des forces de l'ordre tués dans cette région depuis la destitution de M. Morsi, selon un décompte de l'AFP.
Cette attaque intervient au lendemain de l'annonce de la mort de 36 détenus, tous des Frères musulmans, asphyxiés par du gaz lacrymogène pendant une tentative d'évasion. Ces détenus, soupçonnés d'avoir enlevé un officier de police, se trouvaient dans un convoi transportant plus de 600 prisonniers islamistes.
A Bruxelles, les dirigeants de l'Union européenne se sont ainsi dit prêts à « réexaminer »ses relations avec Le Caire s'il n'était pas mis fin aux violences, en particulier contre les manifestants, assurant que le retour au calme était de la responsabilité de l'armée et du gouvernement intérimaire qu'elle a installé. Par contre, il ne faudra pas s’attendre à des décisions concrètes comme la suspension des crédits de l’UE ou le rappel des ambassadeurs en poste au Caire. Dépêché dimanche à Paris, le ministre saoudien des affaires étrangères, Saoud El Fayçal a plaidé la cause des nouvelles autorités égyptiennes auprès de François Hollande. La déclaration de ce dernier à l’issue de l’entretien donne à penser que le président français qui a été, avec la chancelière allemande, à l’origine de la convocation d'une réunion des ministres des affaires étrangères de l'UE, ce mercredi, a été sensible aux arguments développés par son interlocuteur, notamment la nécessité d’éviter un écroulement de l’Etat égyptien qui aurait des retombées dramatiques sur toute la région.
Depuis la levée brutale du sit in de Rabia El Adawiya, et passés les premiers moments d'émotion provoqués par le nombre élevé de morts, le nouveau régime n'a cessé de marquer des points sur le plan diplomatique. Outre l'appui sans réserve des pays du golfe à l'exception de Qatar, et la Turquie d'Erdogan dont l'attitude s'explique par la proximité idéologique avec les frères musulmans, les réactions ont été plutôt modérées et ne portaient pas généralement à conséquence. La page Morsi tournée, le plus grand défi pour les nouvelles autorités est le rétablissement de la sécurité qui reste le seul obstacle au retour à la normale et notamment le redémarrage de l'activité économique.