La haine dangereuse
Avez-vous remarqué la haine intense, implacable qui habite les yeux des responsables nahdhaouis envers tous ceux qui veulent contester leur légitimité, une haine effrayante, rageuse et agressive qui traduit leur véritable motivation? Ils sont au pouvoir et veulent le rester et nul ne pourra les en déloger. Des gens de mauvaise foi et sans scrupules qui se targuent de la légitimité des urnes alors qu’ils savent que les élections du 23 octobre 2011 consistaient à élire une assemblée constituante et non législative, seulement chargée de rédiger une constitution et non de prendre possession du pouvoir avec cette arrogance et cette outrecuidance.
Tout le monde le constatent, tous les analystes le confirment, nous nous dirigeons tout droit vers une nouvelle dictature bien pire que la précédente car il s’agit pour les islamistes d’instaurer un ordre moral qui concernera notre vie de tous les jours dans son intimité. C’est leur seul programme politique. Cela traduit la pauvreté spirituelle de ces gens qui se comportent pour certains comme les véritables représentants de Dieu sur terre. Hypocrisie, mensonges basés sur le vieil adage: «Faîtes ce que je vous dis, ne faites pas ce que je fais». Des petites gens dont la religiosité affichée et primitive les empêche d’accéder à la véritable spiritualité, cette béance ouverte sur l’absolu où le questionnement est plus important que la réponse, où la quête vivifiante et mobilisatrice seule peut mener vers le véritable Jihad, c’est à dire la conquête de soi et non celle des autres.
La question qui reste posée, lancinante et désespérante, est celle-ci: sommes-nous condamnés à une nouvelle dictature? La résistance admirable d’une société civile peut-elle suffire à déjouer les plans funestes d’une fatalité annoncée? Le peuple profond, c’est à dire la majorité de notre cher pays, a-t-il compris les enjeux du drame, lui qui vit dans les urgences d’un quotidien tous les jours un peu plus difficile? «Ventre affamé n’a pas d’oreilles», les nahdhaouis semblent parier sur ce proverbe aussi vieux que le monde. Ce sont des politiques redoutables capables de jouer des esprits faibles avec un machiavélisme absolu. Nous avons vu avec quel talent ils ont su profiter de la faiblesse d’hommes tels que Marzouki et Ben jaafar qui semblent avoir perdu toute lucidité, assignés à présent à des rôles de comparses. Ces deux hommes méritaient-ils un tel déshonneur ? L’Histoire les jugera !
Alors que le monde vit une crise effroyable et que la petite et fragile Tunisie a besoin de toutes ses forces vives pour résister à cette bourrasque planétaire, nous sommes englués dans la passion primaire de gens qui ne pensent qu’à régner même sur un champ de ruines.
Qui utilise l’argument du terrorisme pour justifier son maintien au pouvoir sinon le premier ministre lui-même ? Il ne cesse d’affirmer la main sur le cœur qu’il ne peut quitter son poste en laissant son pays menacé par le terrorisme. On ne peut que s’interroger sur ce prétexte fortuit ou planifié ?
Que voulait signifier le laxisme observé durant l’année 2012 envers les salafistes djihadistes, traités « comme nos enfants », qui ont eu toute la latitude pour s’installer et se renforcer ? Etait-ce alors une erreur politique ou un plan soigneusement calculé pour profiter, l’heure venue, des désordres qui ne manqueraient pas de se dérouler et du climat d’instabilité pour se maintenir au pouvoir.
Toutes les manœuvres et tractations politiques n’ont pas lieu d’être face à cette haine primitive capable de toutes les violences et ceux qui croient pouvoir faire plier Ennahdha se font des illusions car ces gens sont capables du pire.
Alors comment agir avec ces hommes et ces femmes prêts à tout pour conserver le pouvoir quitte à plonger la Tunisie dans le désarroi le plus total ? Je ne crois qu’en une seule solution : la sanction économique. Seules des pressions internationales très fortes peuvent contraindre Ennahdha à respecter le pacte républicain.
L’état désastreux de notre économie, qui empire de jour en jour, a besoin de crédits pour fonctionner et seuls les pays prêteurs peuvent obliger Ennahdha à se plier à un processus démocratique réel et authentique. Pas de nouveaux crédits avant que Ennahdha ne fasse de véritables avancées politiques. Pour l’instant ces pays ne le font pas avec la détermination nécessaire car ils n’ont pas encore compris l’immense rouerie des gens au pouvoir capables de tenir tous les discours. Et pourtant il y va de notre propre survie.
Les dirigeants européens et américains doivent saisir l’opportunité historique de sauver la Tunisie en véritable danger de mort. Il s’agit d’un génocide culturel qui est mené effrontément par ces gens dont l’ambition déclarée est de fondre notre nation dans un ensemble plus vaste qu’ils appellent pompeusement le Califat et qui n’est en réalité qu’une théocratie anachronique et régressive.
Il faut que les pressions internationales obligent Ennahdha à accepter la feuille de route de sortie de crise présentée par quatre organisations nationales que sont l’UGTT, l’UTICA, la LTDH et l’Ordre des Avocats. C’est un devoir d’ingérence car leurs crédits servent pour l’instant à renforcer une dictature qui se met en place avec une arrogance qui laisse présager le pire.
Il faut que les pressions internationales aient le courage de dépasser toutes les accusations d’ingérence et contraignent Ennahdha à accepter un gouvernement de compétences apolitiques, seulement chargé de mener le pays à des élections libres et transparentes et laisser le peuple juge, véritablement juge et non cette mascarade d’élections que les nahdhaouis préparent avec les milliers de nominations partisanes qui leur assurent la mainmise sur l’administration et donc sur le déroulement des élections.
Nous ne demandons que des élections libres et que le meilleur gagne ! Pour le meilleur ou pour le pire.
Foued Zaouche