Crise diplomatique avec l'Egypte et les Emirats: Marzouki peut-il se rattrapper
Du jamais-vu depuis le duel Bourguiba- Nasser, il y a presque 50 ans: l’Egypte vient de rappeler son ambassadeur à Tunis, pour consultations. L’Etat des Emirats Arabes Unis l’y avait précédé de quelques jours. Les deux pays, entendent ainsi protester contre les propos tenus par Moncef Marzouki à la tribune de l’ONU à New-York. Devant l’assemblée générale, le président de la République provisoire avait en effet réclamé la libération de l’ancien président égyptien "Mohamed Morsi et des autres détenus politiques". L’élan droit-de-l’hommiste l’a emporté sur le sens de l’Etat, au point de susciter un couac diplomatique sérieux avec deux pays frères.
Se mettre l’Egypte à dos, c’est s'aliéner 90 millions d’arabes, le cœur battant du monde arabe. Quant aux Emirats, qui ont pris clairement le relais du Qatar dans la géostratégie du « Printemps arabe », personne n'à intérêt à perdre leur soutien financier et diplomatique.
De retour de New-York, Marzouki doit s'employer à balayer les appréhensions des deux puissances dans la région. La diplomatie est aussi l’art de dissiper les "malentendus", de faire oublier les "excès" et de reconstruire les ponts, disent les diplomates. Privé de conseiller diplomatique depuis la démission de Hédi Ben Abbes et n’écoutant que son cœur d’ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, Marzouki doit faire appel aux vétérans du ministère des Affaires étrangères pour calmer les esprits et inviter les responsables des deux pays à donner leurs instructions à leurs ambassadeurs de regagner leurs postes à Tunis. Un rattrapage urgent !