Une autre réunion sur l'intégration maghrébine
Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage
Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage;
  
  Polissez-le et le repolissez:
Ajoutez quelquefois et souvent effacez.
S’il est une entreprise humaine qui fait penser à ces vers de Boileau, c’est bien la construction maghrébine. Depuis la création du CPCM, au début des années 70, l’ouvrage a été mis sur le métier, non pas vingt, mais des milliers de fois. Il a été polissé et repolissé sans le moindre résultat. Il faut donc savoir gré à ceux qui, en dépit de toutes les pesanteurs et de l'indifférence des politiques n’ont pas perdu courage et l'instar de Kamel Lazaar qui, à travers son think tank Maghreb Economic Forum (MEF) s’échine à rallumer la flamme de l'intégration maghrébine .
La rencontre d'experts organisée  le 8 octobre dernier à Rabat, entre dans ce cadre. Elle vient après une  première réunion à Tunis en février 2013 sur la question de  l'intégration maghrébine comme moteur de la création d'emplois, s'est  focalisée sur «l'intégration financière et le rôle que pourraient jouer  les acteurs privés dans le déroulement de ce processus». 
  
  Plusieurs  obstacles se dressent face à cette intégration, le premier étant lié au  développement inégal et à la structure différenciée des systèmes  bancaires et financiers. La réglementation en matière de change est  également un obstacle au développement des échanges et à la dynamisation  des systèmes bancaires et financiers de la région. De nombreux  obstacles tarifaires se dressent aussi face à la libre circulation des  facteurs de production.
  
  Toujours est-il que si une intégration  devait avoir lieu, elle commencerait par les systèmes bancaires et  financiers. L'intégration des marchés boursiers est une nécessité si  l'on veut atteindre une taille critique et espérer attirer les gros  investisseurs. Aujourd'hui, les marchés boursiers, considérés de manière  individuelle, sont de trop faible taille. Le Maroc et la Tunisie ont  déjà amorcé un début de rapprochement par l'expérience d'Attijariwafa  Bank. Mais il reste beaucoup à faire. Il faut notamment définir  clairement des critères de convergence permettant d'aller vers la  construction d'un marché financier régional et harmoniser les politiques  de régulation en s'alignant sur les normes prudentielles  internationales.
  
  Concrètement, plusieurs propositions ont été  formulées pour dynamiser le processus d'intégration financière. A ce  titre, le président du Maghreb Economic Forum, M. Kamel Lazaar a proposé  de lancer un fonds d'investissement maghrébin pour soutenir les PME et  leur déploiement dans la région, permettant ainsi de mettre à  contribution les institutions financières et de promouvoir l'intégration  régionale. D'autres intervenants ont évoqué la nécessité de mettre en  place une plateforme de partage de l'information sur la région et de  créer un véritable système régional d'intelligence économique. Une telle  plateforme est déjà en cours d'élaboration par le Maghreb Economic  Forum.
  
  La réunion s'est achevée sur la conviction qu'il fallait  poursuivre la réflexion et créer une sorte de lobby d'influence en  faveur de l'intégration financière. Les participants ont convenu de se  réunir de nouveau dans quelques mois, dans une autre capitale  maghrébine, afin de faire le point sur l'état d'avancement des  principales propositions formulées.