Les calculs de Nejib Chebbi
Quelle mouche a donc piqué Ahmed Nejib Chebbi d’avoir choisi de faire cavalier seul au sein de l’opposition, en soutenant en dépit du bon sens, Ahmed Mestiri dont il sait pertinemment qu’il est incapable physiquement de mener à bien le rôle qu’on est en droit d’attendre d’un chef de gouvernement, surtout dans les conditions actuelles? La décision du leader d’Al Joumhoury est d’autant moins compréhensible qu’elle a été prise au mépris des engagements conclus au sein du Front du salut et certainement sans l’assentiment des cadres de son parti. Est-il conscient des répercussions éventuelles sur l’Union pour la Tunisie et l’opposition, sur l’unité et même l’existence de sa formation déjà fragilisée par des défections à répétition ?
On reste perplexe sur la grille de lecture à adopter pour comprendre les motivations de Chebbi, notamment le zèle qu’il met à défendre la candidature du «grand militant». C’est lui qui, le premier, est monté au créneau pour démentir les rumeurs de son retrait, les mettant sur le compte de «certaines parties malintentionnées» ; c’est lui qui l’a défendu mordicus lors de réunion de lundi dernier au point de contraindre Houssine Abassi à suspendre le Dialogue sine die. On sait que l'obsession de Chabbi, c’est la présidence de la République. Et pour ce faire, il a besoin de l'appui du parti islamiste. C'est le fil d'Ariane qu'il faut suivre pour comprendre le soubassement de sa pensée.
Sachant que Mestiri est aussi le candidat d'Ennahdha, la démarche de Chabbi, ne va-t-elle pas crédibiliser les rumeurs «malveillantes» sur son rapprochement avec Ennahdha dans la perspective des prochaines élections présidentielles?
Mustapha