Chaïbi quitte Ennahdha: un révélateur des remous au sein de ce mouvement ?
Le membre du conseil de la Choura d’Ennahdha, Riadh Chaïbi, a officiellement démissionné du parti islamiste il y a maintenant trois jours (samedi 16 novembre), sans donner plus de précisions sur les motifs de sa démission. A l'instar de Rached Ghannouchi et Moncef Marzouki, le transfuge d'Ennahdha a choisi l’agence de presse turque « Anadolu Agency pour s'expliquer sur son geste. Il a affirmé que sa démission datait de trois mois, mais qu’il avait préféré ne pas l’annoncer pour ne pas nuire au dialogue national.
Concernant les raisons de sa démission, Chaïbi s'en est pris à son ancien parti, l’accusant de chercher « à réintégrer les figures de l’ancien régime dans la vie politique afin de bien se placer sur l’échiquier politique» et qualifié sa démission de réaction légitime à la «nonchalance d’Ennahdha quant à la réalisation des objectifs de la révolution».
Enfonçant le clou, Chaïbi a indiqué que «Ennahdha est entré dans un combat avec les forces de la contre-révolution non pas pour assurer la transition démocratique mais afin d'attier dans son giron quelques figures du régime déchu». « la volonté politique du mouvement islamiste va à l’encontre des objectifs tracés par le conseil de la Choura visant à intensifier la lutte contre les ennemis de la révolution. Il ne s'est pas privé, non plus de critiquer le Dialogue national, soutenant qu'il n'a finalement abouti qu'à réhabiliter les caciques de l’ancien régime aux dépens des objectifs de la révolution.
Le départ de ce cadre d'Ennahdha est une première. Il illustre le malaise que ressent la frange maximaliste de ce parti face à la realpolitik pratiquée par la direction. A moins qu'il ne s'agisse d'une nouvelle ruse de guerre du mouvement pour faire accroire à des dissensions en son sein.
Meher Kacem