Les nouvelles facultés de médecine : le Conseil de l'ordre des médecins est contre
En décidant d’ouvrir cinq nouvelles facultés, trois de médecine, une de pharmacie et une autre de pharmacie, le gouvernement vient d’ouvrir la boîte de Pandore, même si cette mesure part d'un bon sentiment : le développement des régions intérieures. Les réactions des populations de Gafsa et de Gabès ne sont qu’un avant-goût de ce qui attend le pays. Car aux sujets de friction actuels qui divisent le pays, viendront s'ajouter d'autres plus graves qui risquent d'exacerber davantage les passions et les divisions tribales. Car d'autres villes et d'autres régions suivront. La décision a été incontestablement prise dans la précipitation, comme si le gouvernement était pressé de refiler la patate chaude au nouveau cabinet et sans aucune concertation avec les parties concernées contrairement à ce qu’a prétendu le ministre de la santé, mardi sur la chaîne El Wataniya1. Il suffit de lire les réactions (tardives, il est vrai) du Conseil de l’Ordre des Médecins pour s’en convaincre.
On a rarement vu des manifestants réclamer la construction d’une faculté de médecine. Si les habitants de Gabès et de Gafsa qui seront suivis, vraisemblablement, par d’autres villes l’ont fait, c’est parce qu’on ne leur a jamais expliqué le rôle d’une faculté de médecine. Ce dont se plaignent les habitants de ces régions c’est de la mauvaise qualité des soins, de la pénurie de spécialistes, de la vétusté des équipements. Dans leur esprit, la faculté sera la panacée parce qu’elle remédiera à toutes ces lacunes. Or, son rôle essentiel est de former des médecins, comme dirait M. de la Palice. Et pour former un médecin, il faut au moins sept ans pour un généraliste et 11 ans pour un spécialiste. Auparavant, il faudra construire un CHU, des équipements, des laboratoires et bien sûr la faculté, soit au moins 5 ans. Dans le meilleur des cas, la première promotion ne sortira pas avant 2025. Mais à supposer qu'ils auront la patience d’attendre pendant cette période, qui leur garantirait que le jeune médecin, une fois formé ne penserait pas à émigrer vers d’autres villes ou à l’étranger. C’est ce raisonnement qu’il faut tenir au Tunisien et non pas faire dans le populisme, en pensant aux prochaines élections .Faute d'une réforme globale du système de santé, les cinq facultés seront autant d'éléphants blancs.
Le ministre nous a promis que ces facultés accueilleront leurs premiers étudiants dans cinq ans, alors qu'il sait très bien que c'est impossible tout comme les 365 réformes et les 400 mille emplois promis avant les élections. Notre ministre serait-il de ceux qui pensent que les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent ?
Mustapha