La fusion absorption des banques publiques
Il fut un temps où l’opération de fusion absorption entre banques publiques était guidée par un souci de redimensionnement de nos banques, leur taille étant jugée trop réduite pour pouvoir tenir tête à une compétition attendue vorace. Elle avait emballé beaucoup de responsables alors que d’autres criaient haut et fort qu‘elle était juste un exercice statique de pur calcul comptable. Elle devait tout simplement plaire au chef en ce qu’elle représentait un phénomène de mode. Que pourrait-on attendre d’une telle opération ?
En tant qu'opération financière, elle devait consolider les actifs des banques qui fusionnent, les portant à des niveaux qui peuvent mieux classer les institutions sous ce critère. Quant aux autres paramètres, ils sont diffus et dilués et peu de gens se rendaient compte de leurs effets. Elle devait aussi répondre à l’objectif d’une meilleure efficience par une meilleure rationalisation de la production et une meilleure réallocation des ressources. Elle répondait à un adage très répandu «l’union fait la force». Aujourd’hui, un temps assez long s’est écoulé et les résultats sont criards et la grosse banque «efficiente» qui devait naître de cette opération de fusion est apparue un petit nain porteur de maladies variées et exigeant un grand renfort en argent frais pour recouvrer ses forces. Même avec ces injections, nos banques sont affligées d'une malformation structurelle à la base ne pouvant disparaître ou du moins être atténuée que par une nouvelle restructuration qui aboutirait à l‘éclatement de l’institution en entités spécialisées plus performantes et au largage des missions déficitaires. Ni le moment n’est propice, ni le contexte social n’est favorable, ni encore l’environnement économique de crise n’est approprié, ni encore l’expertise ayant conclu à l’indispensable opération de fusion n’est qualifiée, ni enfin les institutions candidates ne sont opportunes pour décider une telle action porteuse de conséquences trop lourdes. Il s’agit d’une opération publique, nationale dont les effets seront endossés par les contribuables d’aujourd’hui mais aussi ceux des générations futures. Nous devons arrêter ces déclarations tonitruantes qui peuvent séduire le microcosme politique et surtout certains experts étrangers. Consacrons-nous plutôt à la micro entreprise et la micro finance, thérapie fondamentale pour l’emploi des jeunes par une relance forte de l’investissement. Autant je partage l’avis du financier M. Saidane, pour marquer une pause à ce sujet, autant, je suis étonné et inquiet en entendant M. Jalloul Ayed défendre avec fougue cette idée de redimensionnement de nos banques. J’espère avoir mal interprété ses propos, tant l’homme me parait d’une grande sagesse.
Abdelmajid Fredj