Opinions - 16.12.2013

Que veut cette opposition irresponsable?

Une opposition irresponsable. On pourrait ajouter immature, incompétente, irréaliste, prétentieuse, arrogante … une opposition qui nous a offert ces derniers mois le spectacle  du marchandage politique le plus affligeant, adoptant des attitudes jusqu’au boutistes  au détriment de l’intérêt du pays. On a bien compris qu’elle ne se satisferait que de son propre candidat oubliant dangereusement les rapports de forces, profitant du rejet par la population de Ennahdha sans toutefois convaincre qu’elle ferait mieux.

En face d’elle, un parti structuré et discipliné, menant une stratégie implacable et déterminée et qui nous a donné à tous une leçon politique. Après avoir placé tous ses pions dans l’appareil d’Etat, Ennahdha consent à quitter le pouvoir pour se consacrer à la deuxième étape de sa stratégie, c’est à dire gagner les élections. Ce parti dispose d’un trésor de  guerre provenant de financements occultes, le nombre de militants disciplinés nécessaire pour faire voter en leur faveur tous les paralytiques de ce pays et surtout un appareil d’Etat sous contrôle avec la volonté manifeste de falsifier les élections à venir.

Face à ces réalités incontournables, une opposition divisée qui s’affronte, incapable de comprendre les enjeux. Croyait-elle benoîtement que Ennahdha allait se retirer du pouvoir et accepter un premier ministre qui allait défaire tout ce que ce parti a mis des mois à mettre en place. Lorsque j’entends parler ses ténors, je suis saisi à chaque fois par leur immaturité politique, un amateurisme qui leur fait oublier les vraies priorités, celles de gagner les élections.

Il faut pour cela une union sans faille de toutes les forces démocratiques en créant un front politique qui dépasse les clivages idéologiques en comprenant que la seule priorité est de remporter les élections et pour cela il faut l’union de tous.. Le seul danger réel est que les élections soient falsifiés et qu’il n’y ait des fraudes et des bourrages des urnes qui remettent en question la transparence des élections. C’est cela ce que tout le monde craint. Il faut, pour lutter contre cette fatalité annoncée, des militants nombreux présents dans tous les bureaux de vote, ce qui représente plus de trente mille militants formés et encadrés capables d’assurer la transparence des élections, que toute l’opposition parle d’une même voix, oubliant les ego des uns et des autres et qui sache mobiliser toute la société civile sans laquelle aucune victoire n’est possible. Encore faut-il que cette opposition soit crédible et cesse de se comporter de cette manière aussi puérile et irresponsable.

 Il faut que cette opposition développe un programme commun à la manière des 110 propositions de l’union de la gauche qui avait en son temps remporté en France les élections, une feuille de route claire et accessible au plus grand nombre avec des propositions concrètes et réalisables qui n’ont qu’un seul but, servir l’intérêt du pays et non les intérêts des uns et des autres.

Que reproche-t-on à monsieur Mehdi Ben Jomâa , de faire partie du gouvernement? Messieurs Ennaceur ou Jaloul Ayed n’étaient-ils pas membres eux-mêmes d’un gouvernement? La compétence de Mehdi Ben Jomâa est reconnue par tous. Pour avoir entendu un long interview de lui à la radio, je crois qu’il est capable de sortir le pays de l’ornière économique dans laquelle il se trouve surtout si tout le monde accepte de jouer le jeu du consensus. L’UGTT et l’UTICA semblent disposés à le faire en voulant donner toutes ses chances à ce gouvernement dont il faudra étudier la composition.

Cet homme a-t-il la stature et le charisme pour remettre en question toutes les nominations partisanes effectuées par Ennahdha, d’interdire les fameuses milices responsables des violences politiques, de faire la lumière sur les assassinats politiques, de mettre son nez dans les financements occultes des partis, de lutter contre le terrorisme et en même temps redresser le pays qui va à veau l’eau ?… Bref un superman qui lave plus blanc que blanc… C’est pourtant ce que réclame l’opposition avec un aplomb stupide et arrogant.

La seule priorité pour l’instant est  de colmater les brèches car notre pays est semblable à un navire qui prend l’eau de toutes parts et pour ne pas le comprendre, l’opposition joue avec le feu avec son intransigeance.
Le risque réel est de voir, si l’opposition n’entérine pas le choix du quartet, Ali Laaryadh refuser de démissionner et se maintenir au pouvoir. Nous serons alors partis pour des mois encore de négociations stériles et suicidaires pour le pays.

A-t-on conscience de cela?

Foued Zaouche
 

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