«Kasbah 4»: les mouvements religieux ne font plus recette
Le Conseil de l’appui à la révolution (le Front de la réforme, le mouvement Wafa, le Mouvement salafiste et le Mouvement des frères musulmans) a appelé à un rassemblement ce mardi 17 décembre à la Kasbah. Un rassemblement qui était censé revendiquer l’immunisation de la révolution, la révision des conditions d'octroi de crédits étrangers à la Tunisie et l’amnistie générale, mais qui s’est vite transformé en manifestation contre les forces de l’ordre et une opportunité pour appeler à ne plus considérer «Ansar Chariâa» comme organisation terroriste.
Il y avait environ 600 personnes à la Kasbah, tous ou presque des barbus. Gênés parce que la municipalité ne leur a pas accordé l’électricité pour les micros et tourmentés parce que les forces de l’ordre les ont obligés à passer par la fouille corporelle, les manifestants ont scandé des revendications qui n’avaient rien à voir avec celles prévues et annoncées lors de la demande de la permission pour organiser ce rassemblement. «Le peuple veut l’application de la Chariâa» ou encore «Non à l’Etat policier», les manifestants ont fait montre d'une hostilité incroyable envers les forces de l’ordre. Marouen Jedda, animateur du rassemblement, ou encore Abderraouf Ayadi, parlementaire et secrétaire général du Mouvement Wafa ont appelé à ce que les forces de l’ordre cessent de « persécuter les barbus», tout en affirmant leur volonté d'«obliger» l’Etat à ne plus considérer «Ansar Chariâa» comme organisation terroriste. «Nous assistons à une discrimination contre les barbus », nous a affirmé Ayadi qui a ajouté que le Mouvement Wafa continuera d'appuyer les mouvements de rue contre l’intervention extérieure en Tunisie et ceux qui sont «derrière la nomination de Mehdi Jomâa à la tête du gouvernement».
Mohsen Kaâbi, président de l’association des anciens militaires et coordinateur général du rassemblement a lui aussi tenu le même discours en nous déclarant que les forces de l’ordre ont provoqué les manifestants tout en appelant à intégrer les courants religieux radicaux dans la société civile. Kaâbi, aussi souple et ouvert qu’il le prétend, a cependant appelé à lutter contre les partis qui préparent, selon lui, un coup d’Etat, en nommant le Front populaire et Hamma Hammami.
Une réunion évaluative aura lieu le 18 décembre pour étudier l’éventualité de faire de ce rassemblement un sit-in à la Kasbah, en souvenir du bon vieux temps.
Meher Kacem