Lettre ouverte à Monsieur le chef de gouvernement désigné Mehdi Jomaa
Monsieur le chef de gouvernement désigné Mehdi Jomaa, ceci est une lettre ouverte. Elle n’est certes pas la première, et ne sera sûrement pas la dernière. Mes propos pourront vous étonner parce qu’ils porteront sur un axe que peu de gens ont abordé et pourtant il constitue l'épine dorsale de toute action politique qui est censée être au service des citoyens. Ce que je constate c’est que votre désignation a offert aux partis politiques l’occasion d’ouvrir des débats souvent stériles, et que par interposition de votre personne, chacun tente de se faire une nouvelle jeunesse, une nouvelle virginité, pour garantir ses arrières et renforcer son assise électorale.
Monsieur le chef de gouvernement désigné, soyez vous-mêmes car il ne tient qu’à vous de consacrer vos valeurs, votre vision de l’avenir de la Tunisie, valeurs et vision qui vont servir de référence à votre action. Pencher vers l’un ou l’autre des poids politiques sur la scène sera un premier pas vers l’échec. Les Tunisiens ont besoin de la restauration de la souveraineté de l’Etat. Consacrez-vous à rétablir la sécurité physique d’abord, la sécurité sur l’ensemble du territoire en suite, la paix sociale enfin, redonnez à la justice son auréole perdue, à la diplomatie son rayonnement d’antan.
Votre guide sera de croire à la liberté, à l’initiative et à la responsabilité personnelles, au travail, seul capital des démunis. Attachez-vous vous à évincer l’esprit d’assistance et la culture de l‘oisiveté ; à bannir les droits d’appartenance, les droits de naissance pour des droits construits autour des compétences, de l’égalité devant la loi, de l’égalité des chances. Faites que soit bannie l’impunité pour que personne ne se considère au-dessus des lois. Croyez au mérite et à la récompense de l’effort. Tels sont mes propos, telle est ma vision de votre mission en cette période délicate. Soyez sincère et armez vous surtout de courage et de vérité, ces valeurs qui, en cette période transitoire, peuvent beaucoup manquer à la classe politique.
Les Tunisiens et les Tunisiennes, comme moi, peuvent voir dans votre nouvelle charge, une lumière qui peut inonder notre pays après une période chargée de tant de souffrances. Mais cet espoir demeure très fragile et peut balancer dans un autre sens. Faites que votre action soit plutôt vigilante et rapide et ne vous abandonnez jamais à l’attentisme, à l’hésitation. Il faut agir tôt et vite tant qu’on peut agir sur le réel. Le temps vous semblera court, mais celui qui passe sans action ne fera que ronger cette marge du réel.
Abdelmajid Fredj