La Ligue tunisienne des Droits de l'Homme, trois ans après la révolution
La Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, ayant récupéré d’un coup ses droits, célèbrera le 14 janvier sa renaissance de trois ans. Elle peut désormais s’exprimer et agir dans un climat balayé des interdits d’antan et marqué par la liberté d’expression et la multiplicité des partis.
Première ONG tunisienne et première organisation des droits humains dans le monde arabe et en Afrique, La LTDH a été une nouveauté en 1977 dans le contexte du parti unique.
Depuiis sa création, la Ligue n'a jamais cessé de prôner la libération de la femme, l’égalité des sexes, la liberté de conscience, l’esprit de tolérance de l’Islam sunnite que nous ont transmis nos parents et que nous pratiquons aujourd’hui. Elle a lutté contre tous les extrémismes.
En raison de sa crédibilité, son indépendance et considération dans l’imaginaire des Tunisiens, de sa renommée internationale due à son soutien au prisonnier Mandela et à la lutte du peuple palestinien qui lui ont ouvert la vice-présidence de la Fédération internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH), la Ligue n’a jamais cessé d’être harcelée par le pouvoir politique qui aurait souhaité se l’approprier.
Contrarié par son indépendance, Bourguiba a commandité la création d’une seconde ligue présidée par un ancien ministre de l’Intérieur, le Dr Dhaoui Hannablia. De stricte obédience gouvernementale, elle est rapidement tombée en désuétude.
Dans la même lignée, Ben Ali a multiplié les menaces et les procédures pour empêcher la Ligue de poursuivre ses activités.
Marginalisée, en voie de dissolution, la Ligue a été traduite une trentaine de fois en justice pour avoir entrepris la diminution du nombre de ses sections et avoir reçu une aide financière internationale légale et transparente.
Le 14 janvier 2011, aussitôt la LTDH obtenait sa liberté d’organisation et d’expression qui lui a permis de tenir enfin son 6ème Congrès du 9 au 11 septembre et d’élire son Président dans un climat de sérénité.
Elle va dès lors jouer un rôle important dans la vie associative et politique du pays et notamment par sa participation au Quartet (UGTT, Utica, l'Ordre des avocats et la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme).
La feuille de route rédigée par ces quatre médiateurs, a été signée par 21 partis (sur un total de 24 partis conviés au Dialogue national). Elle a permis la désignation d'un Premier ministre indépendant qui aura deux semaines pour former un cabinet. Elle prévoit plusieurs actions conformes à l’esprit de sa Charte, pour sortir de la crise. C’est notre souhait à tous.
Dr.Saadeddine Zmerli